Un pari suicidaire

En 2016 débarquait sur les écrans Suicide Squad de David Ayer. Méchamment accueilli par les critiques et le public, il fait partie de ces films qui plombent clairement l’univers cinématographique DC. Malgré une bonne dose de fun et la prestation incroyable de Margot Robbie en Harley Quinn, le film se veut une sorte de patchwork dynamique sans grand intérêt. Après cet échec, on sent bien l’envie des studios de corriger le tir et, après moultes péripéties, arrive The Suicide Squad en 2021, réalisé par un certain James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie). Ce film va-t-il redorer le blason de l’univers DC ? Les erreurs commises dans Suicide Squad vont-elles être lavées ? Peut-on faire comme si rien n’avait existé ? On se prépare à tout et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Amanda Waller (Viola Davis) met sur pied une nouvelle Suicide Squad pour une mission potentiellement sans retour. Les membres de l’équipe doivent se rendre sur l’île de Corto Maltese dans le but de découvrir ce que cache le mystérieux projet « Starfish » planqué au sein de la base secrète de Jotunheim en plein cœur de l’île. Croyez-moi, ça va péter !

Une des choses surprenantes ici est qu’il y a des retrouvailles particulières d’acteurs ayant bossé dans l’univers Marvel, James Gunn étant également réalisateur pour ce studio. C’est donc avec un sourire au coin des lèvres que nous retrouvons, entre autres ; Idris Elba en Bloodsport (Heimdall chez Marvel) ; Sylvester Stallone prête sa voix à King Shark (Stakar chez Marvel) ; Michael Rooker joue Savant (Yondu chez Marvel) ; Sean Gunn, le frère du réalisateur, pour le personnage de Weasel et comme caméo du vilain Calendar Man (Kraglin chez Marvel) ; Nathan Fillion en TDK (un détenu vicelard dans Les Gardiens de la Galaxie) ; Taika Waititi est Ratcatcher premier du nom (acteur et réalisateur chez Marvel) ; et même une courte apparition de Pom Klementieff (Mantis chez Marvel) en danseuse dans un bar. Comme quoi, le mutivers peut sans doute bien exister.

Mais revenons au matériau qu’est The Suicide Squad. Ce film se veut être à la fois une suite et un reboot (que l’on appelle « suite indépendante »), plusieurs personnages du premier opus reprenant leur rôle ; Margot Robbie nous épate une nouvelle fois avec sa prestation d’Harley Quinn. Définitivement taillée pour le rôle, sa folie et son humour sont simplement dévastateurs. Joel Kinnaman revient en tant que Colonel Rick Flag, le superviseur de la Suicide Squad, et sa patronne Amanda Waller, interprétée par Viola Davis, est toujours aussi tordue quand il s’agit de se faire obéir. Jai Courtney revient également en tant que Captain Boomerang.

Du côté des nouveaux, il y en a un wagon et certains ont déjà été cités un peu plus haut. On peut noter qu’Idris Elba reprend dignement le rôle du meneur de la Suicide Squad, son rôle de Bloodsport, mercenaire violent ayant envoyé Superman à l’hôpital, tranchant radicalement avec le personnage de Deadshot joué par Will Smith dan le premier opus. Méchant mais juste, c’est un rôle à la fois intéressant et attachant.

On retrouve aussi John Cena, catcheur et acteur de son état, dans le rôle de Peacemaker, assez tordu et violent pour faire partie de l’équipe ; King Shark (Sylvester Stallone) pas malin mais ayant toujours envie se de mettre un humain sous la dent ; Ratcatcher deuxième du nom (Daniela Melchior), ensommeillée mais efficace, autant comme actrice que comme personnage ; Polka-Dot Man (David Dastmalchian) dans un rôle coloré qu’on dirait taillé pour lui ; Sol Soria (Alice Braga) qui vient prêter main forte à tout ce petit monde ; et Weasel (Sean Gunn) qui ne sert a priori… à rien mais qui reste un personnage franchement dérangeant.

Du côté des méchants, nous avons le Penseur (Peter Capaldi), le crâne rempli de diodes et juste taré comme il faut ; le Général Mateo Suarez (Joaquin Cosio), tyran militaire de Corto Maltese ; le président Silvio Luna (Juan Diego Botto), beau gosse et anti-américain convaincu ; et un certain Starro dont je vous laisse la surprise.

Un gros casting… et je n’ai pas tout mentionné. Car il faut préciser qu’il y en a encore beaucoup qui font, disons, plus ou moins long feu. Le film démarre d’ailleurs extrêmement fort et nous met tout de suite dans l’ambiance, ne nous laissant guère le temps de souffler durant les premières minutes. Nos yeux sont rivés sur l’écran, on se demande si l’on va assister à un brouillon comme dans le précédent opus et en quelques instants, tout doute s’est évaporé ; nous sommes bien devant un VRAI The Suicide Squad.

Explosions, démembrements, dégustation intempestive d’ennemis par King Shark, criblage de balles ; rien ne nous est épargné. Là où le film précédent mentionnait un timide PG-13 aux Etats-Unis, c’est ici une mention R (Restricted – les enfants de moins 17 ans doivent être accompagnés d’un adulte) qui est posée sur The Suicide Squad. Eh oui, ENFIN, nous avons un véritable escadron suicide et non une bande de gulus déguisés qui tapotent sur les méchants.

Avec un développement des personnages plus compréhensible, c’est également l’occasion de suivre un scénario plus cohérent et mieux structuré que précédemment. Bien que les premières minutes nous poussent à l’exclamation « C’est quoi ce bordel ?! », ceci sans doute pour déstabiliser le spectateur (comme l’avait fait un certain The Hunt de Craig Zobel en 2020 ou une scène de Deadpool 2), le reste du film est aisément suivable sans montage à l’arrache.

Pourtant, je ne peux me défaire de l’image d’un autre gros film d’action ; Expendables. Une prise de pouvoir sur une île, une équipe envoyée pour faire le sale boulot, de la violence à gogo ; j’avais l’impression de me retrouver devant le film de Stallone en version super-méchant. Cependant, la recette fonctionne toujours aussi bien et c’est un véritable délice de suivre l’histoire.

Surtout que celle-ci est blindée de scènes incroyables (l’introduction, l’incursion dans le camp des rebelles, l’évasion d’Harley Quinn, la chute de Jotunheim) qui conservent toutes un style à la James Gunn, à la fois coloré et décalé. Si l’on rajoute à ça une bande son qui déchire, on obtient une véritable Suicide Squad… et putain ce que ça fait du bien !

Tout cela pour en arriver à un final complètement décalé qui m’a renvoyé à des souvenirs de la série Legends of Tomorrow où l’absurde peut très bien se mélanger à une trame héroïque incluant ici des super-méchants. Je vous laisse la surprise de ce final loin d’être banal et qui prouve que même avec les idées les plus barrées du monde, on peut avoir un rendu cohérent, divertissant et même émouvant.

Alors, est-ce que ce film va redorer le blason de l’univers cinématographique DC, quelque peu à la dérive ? Il est indéniable que cela prouve que ce géant des comics peut également faire de l’excellent travail et nous offrir ce que l’on est venu chercher en lieu et place de vouloir en faire des caisses pour que dalle, erreur commise lors de la mise en place du premier opus.

Cependant, l’univers en question est toujours aussi instable, nous présentant des métrages tantôt exceptionnels, tantôt à la ramasse. Qui plus est, même si The Suicide Squad se déroule dans le même univers que les autres métrages de DC, cette notion de « suite indépendante » peut potentiellement foutre le bordel dans un bazar déjà bien établi. Reste à espérer qu’en cas de suite ou de crossover avec d’autres métrages du DC-Verse, la cohérence puisse rester et s’établir pour de bon. Pour le savoir, il faudra sans doute attendre 2022 avec Black Adam… et l’arrivée d’une série télévisée en lien directe avec la scène mi-générique du film présenté ici.

Corrigeant les erreurs passées en nous proposant un spectacle violent, drôle, inattendu et complètement décalé, The Suicide Squad est le film qui aurait dû arriver en premier. Avec de l’action à fond les bidons, des scènes WTF, des personnages à la fois détestables et attachants et un scénario certes conventionnel mais ô combien lisible, ce film est un incontournable pour tous les amateurs du comic book, pour ceux qui kiffent les univers super-héroïques avec plein de méchants et pour ceux qui apprécient un bon vieux film pop-corn qui ne fait pas dans la dentelle. Dans ces circonstances, je suis prêt pour rempiler !

Corriger le tir, c’était du suicide, mais ça a été fait ; bravo James Gunn !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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