Les vacances, ça vous ruine

Ah, les vacances au Mexique ; les plages, les cocktails, les ruines mayas. De quoi se dépayser un bon coup ! Ici, il n’est pas question d’un chouette voyage d’étudiants où la détente et le sexe font loi. Ce serait plutôt calvaire, horreur et plantes tueuses. Tiré du roman The Ruins de Scott Smith (également signataire du scénario), ce film d’horreur est une agréable surprise réalisée par le peu connu Carter Smith. Préparez vos bagages ; c’est parti pour une excursion dans la jungle mexicaine dont vous ne ressortirez pas indemne. 

Quatre amis en vacances au Mexique profitent tranquillement de la piscine. Ils rencontrent Mathias, un touriste allemand à la recherche de son frère qui s’en est allé visiter des ruines mayas dans la jungle. Voyant une opportunité d’étendre leur culture, Jeff, Amy, Eric et Stacy décident de l’accompagner le lendemain pour s’y rendre à leur tour. Ils s’aventurent au milieu de la jungle auprès d’une splendide pyramide maya. A peine arrivés que des villageois des environs déboulent et tuent un ami de Mathias venu avec eux. Se réfugiant au sommet de la pyramide, les cinq jeunes gens vont rapidement se rendre compte que les plantes qui poussent sur ce temple sont loin d’être amicales. 

Déjà vu dans plusieurs films et séries, Jonathan Tucker est Jeff, étudiant en médecine et leader autoproclamé du petit groupe. Logique et posé dans ses démarches, il reste d’un calme froid malgré les horreurs se déroulant autour de lui. Sa petite amie, Amy, est jouée par Jena Malone, nous offrant une perception de la situation bien réaliste et essayant tant bien que mal de conserver son calme. Shawn Ashmore (Iceberg dans la série de films X-Men) détient le rôle d’Eric. Avec sa dégaine de surfeur, il participera activement à la survie du petit groupe tout en conservant un tempérament relativement sanguin. Laura Ramsey est Stacy, la petite amie d’Eric. Complètement paniquée, elle nous livrera une prestation extrême, poussant à son paroxysme en fin de métrage. Enfin, Mathias est joué par Joe Anderson, sans doute le personnage le moins actif mais le plus à plaindre de l’histoire. Dans l’ensemble, le casting se débrouille très bien, imposant une cohésion et un réalisme dans les différents choix des protagonistes. 

« Cohésion et réalisme », voici donc les deux maîtres-mots de ce métrage pas piqué des orties. La cohésion se ressent non seulement entre les différents personnages, mais aussi dans la mise en forme générale. On se retrouve avec un scénario de film d’horreur, hyper carré, et respectant à la lettre les codes de base du genre ; étudiants en vacances, piège se refermant dans un endroit hostile, intervention du surnaturel pour compliquer la chose et lattage propre en ordre de plusieurs protagonistes. Nous sommes donc en terrain connu. Seulement, contrairement à bien d’autres films, les raisons pour lesquelles tout cela arrive sont bien plus cohérentes ; piégés sur une pyramide à cause d’un groupe de villageois armés et furieux, intervention inventive des vilaines plantes, cohérence dans les choix des personnages. Ici donc, pas d’idée absolument bas de gamme du genre « Essayons de faire fuir les villageois en leur lançant des cailloux » ou d’autres énormités du genre. Pour faire simple, c’est intelligent.

Le réalisme est également l’un des points forts du film, aidé par les effets spéciaux qui sont, ma foi, fortement sympathiques. Les blessures font mal et une scène particulièrement éprouvante est au rendez-vous, à grand renfort de pierre, de couteau de chasse et d’amputation à effectuer. Bon voyage ! Les plantes s’insinuent jusqu’à l’intérieur des corps et cela donne droit à quelques scènes franchement crues où nos yeux ne peuvent que s’écarquiller. C’est viscéral, visuel et ça fait mal.

Le film souffre étonnamment de peu de temps morts et c’est facilement que l’histoire va se dérouler. Il y a peu de répit pour les braves et les pauvres étudiants perchés au sommet de la pyramide n’auront pas énormément d’occasions pour se reposer. On regrettera peut-être un rythme de fou dans la dernière demi-heure, comme si on voulait rapidement en arriver au dénouement. Pourtant, cela apporte une dynamique particulière où les jeunes se mettront à tomber comme des mouches.

L’une des raisons de cette décimation ? Les plantes, pardi ! Ces petits végétaux sont bourrés de bonnes idées pour en finir lentement mais sûrement avec les protagonistes, usant de plusieurs méthodes intelligentes pour y parvenir ; les attirer en mimant des sons, s’insinuer dans leur corps qui sera utilisé en guise d’engrais ou simplement attendre que des morceaux de barbaque tombent au sol pour ensuite venir les attraper. Si vous avez du lierre près de chez vous, je vous conseille fortement de vous gaffer ; on ne sait jamais ce que les plantes pensent.

Le final, quant à lui, est fidèle au film, apportant un demi-happy end dans le cas de la version standard. Pour les plus costauds, la version « unrated » vous proposera une fin nettement plus pessimiste. Et pour les accros de ciné, le prolongement de la version « unrated » est disponible sur Internet, cette fois-ci mettant clairement le sort du monde entier en jeu. Trois fins différentes pour un film comme celui-ci… et les trois intelligentes, il fallait le faire !

Reste la symbolique du film, que l’on peut tourner de différentes manières. Nous n’avons pas affaire avec des jeunes baroudeurs qui prennent un malin plaisir à saccager les sites sacrés pour faire des selfies débiles. On pourrait donc voir leur excursion dans la jungle comme une excuse propice à nous en mettre plein les mirettes. Pourtant, c’est via une phrase de Jeff que nous allons comprendre la réelle problématique, ce dernier narrant que « Quatre américains qui disparaissent comme ça, c’est impossible », sous prétexte que forcément, leur pays va les chercher. Un moyen comme un autre de mettre les Etats-Unis dans une posture délicate et de montrer par A + B que ce ne sont pas eux les maîtres du monde et qu’au fond, quatre jeunes paumés au milieu de la jungle, le pays s’en bat un peu les couilles.  

Les Ruines n’en est absolument pas une. Certes, le scénario reste clairement dans les structures du genre, mais de manière intelligente. Les acteurs sont des étudiants en vacances, mais possèdent un cerveau. Le film se suit facilement, mais n’est pas exempt de surprises. La fin standard est un peu plate, mais il en existe deux autres. Autant dire que le film proposé ici va un peu plus loin que le basique teen-horror-movie en nous proposant des réactions intelligentes et un ennemi peu commun sous la forme d’une masse de plantes. Clairement, Les Ruines ne se plante pas.

Depuis ce film, je me suis débarrassé de mon ficus.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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