Un film qui réfléchit

Alexandre Aja, avant de réaliser Mirrors, a déjà officié aux commandes du remake de La colline a des yeux. Cette fois-ci, il s’attaque à une reprise (remake sans réellement en être un) du métrage Sud-Coréen Into the Mirror de Kim Sung-ho, reprenant globalement l’histoire mais changeant énormément le contenu. Si vous souhaitez voir le réel remake du film de Kim Sung-ho, il vous faudra plutôt vous tourner vers Mirrors 2. Concernant Mirrors, ce dernier va-t-il réussir à nous glacer d’effroi ou rester dans un tain mitigé ?

Ben Carson est un policier déchu après la mort de son coéquipier. Cherchant à se réhabiliter auprès de sa famille, il a déjà cessé de boire et a trouvé un nouveau travail comme gardien de nuit dans un centre commercial. Ce lieu, détruit par les flammes il y a cinq ans, compte énormément de miroirs. Au fil de ses rondes, Ben va se rendre compte qu’il y a quelque chose d’hostile derrière ces glaces. Une chose qui souhaite s’échapper… et qui a choisi Ben pour l’aider dans cette tâche.

Les miroirs sont un sujet répandus dans le domaine du fantastique et de l’horreur. Tant de légendes circulent à leur propos qu’il est facile d’en dénicher une pour en faire un film. Faut-il encore que le tout tienne debout et ne vienne pas se briser en mille morceaux. Dans le cas présent, Mirrors parvient à tenir en haleine le spectateur… et le faire circuler en terrain connu en même temps. Usant (abusant ?) de l’utilisation desdits miroirs pour surprendre et effrayer, on sait que le danger viendra forcément de là et pas d’ailleurs, ce qui minimise les possibilités de trouille. Heureusement, les éléments horrifiques placés dans Mirrors ne s’arrêtent pas là.  

Même si les apparitions dans les miroirs (ou toute autre surface réfléchissante) parviennent à nous effrayer quelque peu, c’est la méthode d’exécution de l’entité présente dans le film qui va surtout retenir notre attention. Âmes sensibles s’abstenir ! Mirrors va étaler son lot de gorge tranchée, de décrochement de mâchoire et d’apparitions trash sur toute sa durée. Peu de répit pour le spectateur et c’est en soi une bonne nouvelle.

Car là où le scénario parvient également à surprendre, c’est sur le traitement de cette histoire de miroirs. Beaucoup de métrages se bornent à aligner les effets gores et les jump-scares vicieux sans pour autant donner du corps à l’histoire. Ici, nous aurons deux lignes principales. La première est celle de Ben, tentant de renouer avec sa femme et ses deux enfants après un drame vécu durant son travail. Tout un chemin de rédemption en conséquence pour ce personnage, cherchant à protéger sa famille avant tout.

Le second fil rouge est celui des miroirs en eux-mêmes. Nous en apprendrons donc quelque peu sur l’entité s’y trouvant et surtout sur ses motivations. Par l’intermédiaire d’indices découverts, c’est une véritable quête (et course contre la montre) qui s’engage alors pour sauver la famille de Ben, non pas seulement de lui-même, mais également du truc pas foncièrement sympathique qui se planque dans les glaces. Du cossu au niveau scénario, il faut en convenir. Bon, ce n’est pas de la complexité extrême, mais je pense important de souligner cet aspect. Les films d’horreur possédant deux axes principaux, qui plus est intéressants, sont relativement rares.

Côté acteur, on retrouve avec plaisir Kiefer Sutherland. Jouant souvent des rôles de méchants, habitué aux longs métrages depuis les années 80 et Jack Bauer intemporel de la série 24, il campe ici un personnage torturé et ne sachant clairement pas gérer ses émotions. Impulsif, colérique, déterminé, c’est un grand gaffeur ne sachant pas par où commencer pour retrouver une vie normale. A ses côtés, Paula Patton joue Amy, son épouse. Egalement étirée entre ses sentiments pour son mari et le fait de protéger ses enfants, elle tombera malgré elle dans le piège des miroirs ce qui donnera droit à quelques scènes bien prenantes.

Amy Smart est Angie, la sœur de Ben. Souhaitant lui apporter son aide du mieux possible, elle va clairement tirer la tronche lorsqu’elle apprendra la vérité sur les miroirs. Jason Flemyng obtient le rôle de l’inspecteur Larry Byrne et inscrit un film de plus dans sa filmo déjà relativement conséquente. Le reste du casting se débrouille bien, particulièrement les deux jeunes enfants de Ben, Daisy et Mikey.

De la peur, du gore, du scénario torché, donc tout va bien ? Il faut avouer que le rythme est correctement entretenu durant toute la durée du film et que les séquences flippantes arpentent l’intégralité du métrage. On pourra cependant noter quelques longueurs intermédiaires, permettant cependant de souffler un peu. Ce qui pourrait éventuellement faire de l’ombre à ce métrage, c’est son convenu.

Le convenu ! L’ennemi indicible de tout métrage horrifique ! Comme dit précédemment, dans un film ayant pour titre Mirrors, on s’attend clairement à ce que le danger vienne des reflets. Bien que l’on ne sache pas quand ça arrivera, on sait pourtant que ça arrivera. Cela n’empêche pas quelques idées bien vues au niveau des reflets, même si l’on comprend assez vite où le réalisateur veut en venir (inondation dans la maison… l’eau… ça reflète). De plus, même si le scénario se veut tout de même bien construit, il n’en restera pas moins conventionnel.

Pas énormément de surprises donc, le final du film étant lui-même une tirade à propos des miroirs… et ce jusque dans le dénouement absolu du personnage de Ben. Malgré tout, cette fin reste étonnante quand à la rédemption recherchée par le personnage. A croire qu’on a beau tenter de faire toutes les bonnes actions du monde, on sera toujours poursuivi par ses propres démons.

Mirrors balance beaucoup de scènes chocs pour effrayer le spectateur, c’est un fait. Seulement, contrairement à beaucoup de métrages horrifiques, il parvient à instaurer une ambiance propre et à mener le spectateur par le bout du nez pour suivre cette enquête paranormale et violente, où la survie des êtres aimés passe avant tout autre chose. Dans le fond, il y a quand même eu réflexion avant de prendre la caméra entre les mains et ça, c’est un bon point.    

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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