Série morte-vivante

Démarrée en 1996 sur PlayStation, la saga Resident Evil a su faire son chemin ; plus de 19 jeux (et 100 millions d’exemplaires vendus), sept films, des séries animées et des adaptations littéraires couvrent l’ensemble de la trame de cette aventure horrifique. Bien que sentant un essoufflement avec l’arrivée de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City sur grand écran en 2021, l’annonce d’une série live-action disponible sur Netflix m’a remonté à bloc. Développée par Andrew Dabb et faisant fi des films produits jusqu’ici, la série se veut être la suite des jeux, respectivement ceux du Resident Evil de 1996 à Resident Evil : Village de 2021. Cela va-t-il donner un coup de boost à la franchise ? L’histoire va-t-elle nous apporter de nouveaux éléments ? Les monstres vont-ils être de la partie ? On prend quelques packs de soin dans notre sac à dos et on se lance dans la critique ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Vingt ans après la destruction de la ville de Raccoon City, Jade et Billie, jumelles de leur état, s’en vont vivre dans la ville de New Raccoon City en Afrique du Sud avec leur père, Albert Wesker.

En parallèle, des années plus tard, Jade étudie les Zéros (les zombies de base) pour tenter de découvrir s’ils évoluent ou non. Mais par un concours de circonstances, elle va se retrouver à nouveau traquée par Umbrella, la société responsable de la fin du monde.

La série se voulait une suite directe aux jeux. Eh bien, à part la destruction de Raccoon City, peu d’éléments nous sont présentés durant cette volée de huit épisodes. Autant la série ne cherche par à se confondre dans un fan-service pervers (comme un certain Bienvenue à Raccoon City) autant les éléments des jeux sont effleurés. Dommage car je m’attendais tout de même à en apprendre plus sur la suite des événements, surtout après la découverte du Cadou dans Resident Evil : Village. Mais il faut que j’arrête de pinailler ; la série se veut originale. Alors, est-ce qu’elle l’est ?    

On découvre l’arrivée de Jade (Tamara Smart) et de sa jumelle Billie (Siena Agudong) dans la petite ville de New Raccoon City. D’une blancheur immaculée et semblant refléter une fausse-utopie de vie, cette cité cache pourtant de nombreux secrets auxquels Albert Wesker (Lance Reddick), le père des jeunes filles, n’est pas étranger. On suit donc leur arrivée, la découverte du travail d’Albert et les potentielles magouilles qu’Umbrella met en place, notamment tente de cacher un événements dramatiques liés au Virus-T dans la ville de Tijuana.

La série se suit sur deux temporalités, la seconde concernant principalement Jade (Ella Balinska), maintenant adulte, effectuant des recherches sur les Zéros, ces zombies de base qui ne font que se traîner, afin de découvrir s’ils ont possibilité d’évoluer, ce qui permettrait potentiellement de trouver un remède à leur situation. Mais après l’attaque d’une grosse chenille (et quand je dis « grosse », c’est le prénom), la jeune femme se fait recueillir par une bande de loubards qui visent principalement de la remettre à Umbrella pour toucher une prime. Commence alors un long voyage pour Jade, tentant d’échapper à cette multinationale et de protéger sa famille, planquée sur un bateau constamment en déplacement.

Tout d’abord, concernant la première trame, on se sent dans une ambiance passablement oppressante durant les premiers épisodes avant que ça ne parte dans le n’importe quoi. Après avoir voulu sauver des lapins des laboratoires d’Umbrella (si, si), Billie se fait mordre par un chien quelque peu hargneux. Contaminée par le Virus-T, on suit sa lente transformation, ses sautes d’humeur et ses remises en question pendant que sa frangine tente de découvrir quelles sont les réelles motivations d’Umbrella.  

Les deux jeunes filles découvrent notamment que leur père n’est pas celui qu’elles auraient cru, que sa patronne, Evelyne Marcus (Paola Núñez), est une enfoirée de première zone et que le fils de celle-ci, Simon (Connor Gosatti), très au goût de Jade, peut les aider à faire tomber Umbrella une fois pour toute. Ambitieux comme projet pour des ados de vouloir évincer une multinationale, même si celle-ci possède clairement des lacunes en matière de sécurité et des dirigeants passablement benêts.  

Cette trame n’apporte rien à l’histoire de la franchise et se perd même dans les méandres de la série pour ados toute faite. Quelques trouvailles valent le détour comme la découverte de cassettes vidéo en visitant le laboratoire top secret de papa ou les pétages de plomb des frangines, mais rien de vraiment prenant. Une intrigue froide et aseptisée comme l’atmosphère de New Raccoon City.

Concernant ce qui se passe un peu plus loin dans l’avenir (en 2036 si je veux être précis), on tombe dans le même piège. On suit Jade qui se fait poursuivre par Umbrella à travers l’Angleterre et la France. La jeune femme parvient tout de même à découvrir une race de Zéro supérieure étant capable de donner des ordres aux autres. Une fois la tête de la bestiole en sa possession, elle se doit de retourner chez elle pour faire des analyses, chez elle étant un bateau appelé « L’Université », lieu où l’on conserve les derniers morceaux de l’Histoire humaine avant que tout ne parte en couille.

L’occasion de nous présenter quelques nouveaux personnages comme le mari de Jade, Arj (Ahad Raza Mir) ainsi que sa fille Bea (Ella Zieglmeier). Mais vu que la détermination de Jade va plus loin que sa raison de conserver un semblant de sécurité sur le navire, elle embarque un Zéro à bord, ça part en sucette et la voilà confrontée ensuite à Umbrella et à sa sœur, Billie (Adeline Rudolph). Celle-ci a bien grandi et sait apparemment comment tenir Umbrella en laisse… et s’en servir pour garder mainmise sur le monde.

Là encore, peu de choses à se mettre sous la dent. L’intrigue se fixe principalement sur la capacité de Jade à survivre et à découvrir l’élément déterminant qui lui permettrait de mettre fin au chaos de l’humanité. Cependant, les événements se suivent sans réellement d’intérêt, enchaînant les intrigues bas de gamme et les coups vicelards de scénario bon marché. On peut noter le personnage de Richard Baxter (Turlough Convery), délicieusement étrange mais victime du j’m’en-foutisme absolu de Jade.

Le passage qui m’a le plus plu était sans doute celui avec mes monstres préférés, les Lickers, enfermés dans un tunnel avec plusieurs protagonistes. Bon petit moment de tension mais malheureusement beaucoup trop court sur ce que l’on pouvait vraiment attendre d’horrifique dans cette série. Pour le reste, nous avons droit à une horde de zombies attaquant un camp militaire (classique) ou un très gros crocodile bien vénère mais sinon… pas grand-chose d’autre. Ah si ; les arachnophobes peuvent également avoir un peu de peine lors du passage du tunnel.

La série se termine avec son habituel petit twist sur deux périodes distinctes ; la recherche d’une certaine Ada Wong pour les jeunes Jade et Billie et le départ de la Jade plus âgée pour aller sauver sa fille d’Umbrella. Si saison deux il y a (et j’ai un doute), ça risque d’être autant palpitant que celle-ci.

C’est con parce que franchement, ça partait bien. Les premiers épisodes nous mettaient bien dans l’ambiance et nous proposaient des départs d’intrigues et des scènes bien troussées (le coup du zombie attaché dans la salle de bain était pas mal du tout). Mais par la suite, la série se perd dans ses propres idées et ça devient clairement n’importe quoi.

Même si les acteurs semblent être dans leur élément, cela n’enlève en rien que nous nous éloignons de l’essence même de la terreur de la saga Resident Evil. La saga vidéoludique est passée de la peur à l’action pour revenir à des instants bien plus sombres avec les deux derniers opus sortis. Les films, eux, se focalisaient clairement sur l’action. Mais la série ici présentée… on dirait une trame pour ados sur fond de thriller policier avec une lichette de trouille parce qu’il fallait bien en mettre.

Qui plus est, l’histoire n’apporte pas vraiment d’éléments concrets à l’univers global, nous balançant des sous-intrigues de clones et de pilules miracles qui n’ont rien à voir avec la choucroute. A croire que la série tente tellement de s’émanciper de l’univers des jeux qu’elle part dans une direction totalement différente. En changeant son titre et en appelant la société « Parasol » au lieu « d’Umbrella », on aurait presque cru que l’on se trouvait devant quelque chose de totalement original.

Il faut cependant lui laisser quelques bonnes idées, des effets spéciaux sympathiques et des acteurs qui sont bien dans leurs baskets. Mais pour le reste, la série Resident Evil ne vaut pas autant de temps passé devant l’écran pour si peu. Entre ça et Bienvenue à Raccoon City, j’ai bien peur que la saga soit bel et bien devenue morte-vivante pour de bon. Fans de la franchise, reprenez les jeux depuis le début et pour ceux qui ne connaissent pas cet univers, passez votre chemin ; ça risque de vous foutre dedans.

Du coup, j’attends avec impatience la suite vidéoludique.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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