Un drame aérien

Arnold Schwarzenegger est un homme d’action. Cependant, depuis la reprise de rôles au cinéma suite à son mandat de gouverneur de Californie, il nous a joué quelques drames, dont Maggie en 2015. Ici, il remet le couvert avec Aftermath, film inspiré d’un événement réel, celui de l’accident d’Überlingen en 2002. Cette année-là, deux appareils en vol se collisionnent en plein ciel suite à des erreurs humaines, faisant 71 morts. Pour réaliser ce film, on demande à Elliott Lester de passer derrière la caméra, notamment réalisateur de Blitz et de Nightingale. Un drame à l’échelle humaine avec Schwarzie, est-ce que ça va passer ? Le film vaut-il le coup ? Les catastrophes sont-elles un vecteur essentiel dans les idées scénaristiques ? Allons ensemble essayer de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Roman Melnyk est impatient. Il doit aller retrouver sa femme et sa fille enceinte à l’aéroport. Il attend depuis longtemps l’occasion de passer du temps avec toute sa famille. Arrivé là-bas, on lui apprend que l’avion dans lequel se trouvaient celles qu’il attendait a eu un terrible accident et qu’il n’y a certainement pas de survivant. En parallèle, Jacob Bonanos, contrôleur aérien, se rend bien compte qu’il vient de commettre l’irréparable. Les deux hommes devront affronter la réalité, chacun à leur manière.

Roman Melnyk (Arnold Schwarzenegger) est un homme souriant, sympathique et jovial. La mort de sa famille va développer en lui une haine et il se mettra alors en quête de réponses, mais attendra également des excuses, ne serait-ce que pour que son mal s’atténue quelque peu. Rôle brillamment interprété par notre Muscle Man, dans un registre qui confirme sa capacité à rester sobre sans s’armer d’un bazooka pour faire exploser les planques des trafiquants de drogue. De l’autre côté du drame, Jacob Bonanos (Scoot McNairy), contrôleur aérien de son état, n’ayant vu que trop tard le drame se jouer sur le radar. Conscient de ce qu’il a fait, il tente de se reconstruire avec sa famille. Sa femme Christina (Maggie Grace), commence à ne plus pouvoir gérer la culpabilité qui émane de son mari et leur fils en fait les frais.

Les personnages mentionnés ci-dessus ne comprennent pas Martin Donovan, Hannah Ware ou Mariana Klaveno, également présents dans le film et apportant de la cohésion aux rôles principaux. Car ici, c’est bien de l’histoire de deux hommes que nous allons parler et surtout de leur manière de surmonter ce terrible drame. Deux hommes face à une tragédie humaine et les conséquences qui vont avec.

Roman est totalement dévasté par la perte de sa famille. Cela va le pousser à participer aux recherches sur le lieu du crash et découvrir le corps de sa fille, brisant encore plus sa capacité de raisonnement et faisant grandir sa douleur et sa peine. Il doit gérer le décès brutal de sa famille (et celle en devenir, sa fille étant enceinte au moment du drame) et ne pourra le faire qu’en se mettant à la recherche d’une personne voulant bien s’excuser de cette tragédie. Dans sa quête, une scène surréaliste entre lui et les avocats de la compagnie aérienne, durant laquelle l’être humain n’est réduit qu’à une solution financière et des vols bon marché. On crie à l’injustice !

De l’autre côté, nous avons Jacob, lui aussi dévasté par ce drame terrible. Ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve responsable de 271 morts (dans le film) simplement parce qu’on a quitté l’écran-radar des yeux quelques secondes. Devant maintenant faire un gros travail sur sa culpabilité, sa famille fera les frais de son état mental et il devra passer par une longue phase de rétablissement avant de finalement changer de nom et de métier, afin de protéger les siens et de pouvoir se reconstruire.

Dans les faits, les choses sont plus compliquées que celles mentionnées dans le scénario en question. L’accident d’Überlingen a été causé par plusieurs défaillances humaines et la responsabilité pleine et entière n’a pas été mise sur le contrôleur aérien en question. Bien entendu, par souci de simplification, Javier Gullón, le scénariste, restera principalement dans les grandes lignes afin de nous donner un rendu explicatif convaincant mais simplifié.

Les deux hommes vivent donc avec ce drame, ne les quittant plus un seul instant. C’est une année après cette tragédie que les choses vont se jouer. Souhaitant trouver le contrôleur à l’origine de l’accident, Roman demande l’aide d’une journaliste, Tessa (Hannah Ware) afin de connaître la nouvelle adresse de Jacob. En lui donnant l’information, elle ne sait pas encore qu’elle vient de sceller le destin des deux hommes.

Rencontrant enfin le contrôleur qui recommence à prendre pied dans sa vie, Roman est surpris par le mépris de ce dernier, ne voulant pas regarder la photo de sa famille et mentionnant que tout cela n’est qu’un accident. Faisant fi de la douleur contenue dans le père de famille, Jacob se fait finalement poignarder, tout comme l’a été le contrôleur dans l’accident d’Überlingen. S’ensuivra quelques années de prison pour Roman, et une surprise de taille l’attendra à sa sortie, terminant ainsi le métrage dans le ton de la sobriété, tout comme le reste du film.

Car oui, « sobre » est le mot qui pourrait convenir à ce drame. D’un bout à l’autre, on suit le parcours de ces deux hommes et on se retrouve étonnamment pris dans leurs tourments. Avec des prestations correctes, il faut dire qu’on tient ici un métrage qui pourrait avoir sa photo à côté du mot « dramatique » dans le dictionnaire.

Pourtant… la ganache ne prend pas. Même si l’empathie est présente et que les acteurs sont dans leurs rôles, on n’arrive pas à sortir de ce film en ayant l’impression d’avoir vu quelque chose de consistant. Certes, ce n’est pas facile de reprendre un événement réel (qui plus est un événement récent) afin de le transposer au cinéma, et on n’arrive pas à dire si l’on est conquis ou non par l’ensemble du métrage. Le point le plus intéressant est bien entendu celui de voir Schwarzie dans un rôle comme celui-ci. En remplaçant l’acteur, par sûr que le film aurait eu le même effet. De voir ce colosse complètement dévasté par la mort des siens, on a droit envie de le prendre dans nos bras et le consoler. Il parvient parfaitement à faire transparaître cette terrible émotion et nous tirer une larme au coin de l’œil. 

Aftermath relate une tragédie aérienne rare. C’est un métrage sur la culpabilité, le remord et le deuil, impliquant deux hommes ordinaires devant se battre contre une réalité implacable. Intéressant à voir, il ne laissera cependant pas un souvenir impérissable, se la jouant sans doute dans une sobriété trop importante pour être imprimée définitivement dans notre entrepôt-mémoire. Ce film nous rappelle aussi que les événements dramatiques arrivent à tout le monde et que la nécessité d’avoir un but dans la vie est essentielle pour continuer à se battre, chaque jour qui passe.

Au moins, on sait qu’Arnold Schwarzenegger arrive à se débrouiller sans faire péter la moitié d’une ville. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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