Ah, l'époque du minitel

Un film d’horreur français sur les fêtes de Noël ? Mmmmh. Ça mérite visionnage. Alors, qu’est-ce qu’on a ? Un pitch qui a l’air sympa avec un enfant dans une grande maison qui veut en finir avec un Père Noël psychopathe. Tiens, ça ressemble à Maman, j’ai raté l’avion, sorti une année plus tard. Ensuite, le réalisateur est un certain René Manzor, de son vrai nom… René Lalanne. Attends, non, ce n’est quand même pas… eh oui, c’est le frère de Francis, chanteur… et producteur du film. Et les acteurs ? Tiens, Alain Musy dans le rôle du bambin ? Je ne connais pas. Ah, ça à l’air d’être le fils du réalisateur. Houlà, mais dans quoi je m’engage, moi ? Vais-je survivre ? Mon Noël sera-t-il gâché ? Pourquoi est-ce que je me mets toujours dans des situations pareilles ? Allez, allez, essayons, ensemble, de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Fils de Julie de Frémont, directrice d’un grand magasin à Paris, le jeune Thomas est un surdoué comme on en fait plus. Ayant fait du manoir où il vit son terrain de jeu, il passe son temps à se prendre pour Rambo et à taquiner son grand-père qu’il aime énormément. Suite à une discussion sur minitel avec un soi-disant Père Noël, il va se retrouver traqué par ce dernier dans sa propre demeure. Il faut dire que le pauvre homme vient de se faire licencier par la mère de Thomas et il l’a un peu mauvaise.

Thomas (Alain Musy) est un enfant des plus étonnants. Surdoué absolu, l’informatique (de l’époque) n’a aucun secret pour lui et il possède un brassard électronique lui permettant de tout contrôler dans la maison. Emettant des doutes sur l’existence du Père Noël, il va se retrouver sous la table de la salle à manger à l’attendre… mais va vite le regretter. Prestation en demi-teinte car on ne sait pas si on doit l’aimer ou le détester, le bambin. Son Papy (Louis Ducreux) semble admirablement bien accepter le fait de se faire réveiller de manière tonitruante et de se retrouver menotté en se faisant traiter de vieux sénile presque aveugle. Gentil, le papy. Julie, la mère de Thomas (Brigitte Fossey) voit son fils comme un surdoué à qui il ne faut pas freiner le développement intellectuel. Quand à l’associé et amant de Julie, Roland (François-Eric Gendron), il gravite là-autour en essayant de s’y retrouver.

On ne sait pas si le casting était mal dirigé ou si l’écriture des personnages a foiré quelque part. Rien que la préparation de Thomas lors de son réveil nous met déjà en situation de stress. On transpire, on bouge nerveusement sur notre canapé et on se demande « Sérieusement ? ». Oups, dans quoi on s’embarque, là ?

Heureusement, mais HEUREUSEMENT, il y a le Père Noël. Patrick Floersheim, principalement doubleur, qui s’est éteint en 2016, possède une voxographie de fou, avec notamment des doublages pour Michael Douglas, Jeff Bridges, Ed Harris et Robin Williams. Et il faut le dire, dans le cas présent, il sauve le film. Avec son rôle ambigu et son regard hypnotisant, il parvient à capter notre attention et nous fait frémir à chacune de ses apparitions. Etrange dans son comportement, extrêmement gentil avec les enfants (sauf si on lui tire sa barbe), il impose sa présence durant tout le métrage, instaurant un plaisir et un frisson dans chaque scène où il apparaît. Son attitude d’homme-enfant, compactée avec son sourire béat, nous fait poser la question suivante ; ne serait-il pas, au final, un homme ayant conservé un comportement enfantin absolu ? Il s’emporte vite, ne pense qu’à jouer et ne semble pas avoir conscience de ses actes. Quoiqu’il en soit, c’est une prestation que j’ai trouvé admirable, ne serait-ce que par sa simple présence à l’écran.  

Eh oui, heureusement que nous avons Patrick Floersheim, parce que pour le reste, c’est… eh bien, on ne sait pas vraiment. Mélangeant thriller, horreur, comédie, action et nanar, ce métrage part dans toutes les directions. On démarre sur un ton nanardesque et parodique, pour continuer sur une sorte de drame familiale, avant de basculer dans l’horreur, puis faisant des allers et retours sur les différents styles. Globalement, on peut le dire, nous sommes dans un film d’horreur. Les effets spéciaux, tout comme le reste, sont un peu bancals et flinguent parfois l’immersion que l’on pourrait avoir dans le film. J’en veux pour preuve ce passage sur le toit qui, partant du principe d’être un moment haletant, est décrédibilisé en deux seconde par un plan éloigné n’ayant rien à envier à quelques effets d’ombres chinoises dans un spectacle de marionnettes. Zut.

Le home-invasion est un style que nous connaissons bien aujourd’hui mais qui était moins distingué à la fin des années 80. L’idée de base est bonne (un enfant face à un Père Noël psychopathe qui veut simplement jouer), mais le traitement est terrifiant. Il faut voir ce film comme un précurseur de Maman, j’ai raté l’avion en mode trash. Car ici, la fête de Noël va en prendre un sacré coup.

Malgré un traitement plus que bancal et une majorité de personnages ne semblant pas du tout intégrés de manière juste à l’univers, la critique du commerce de Noël pointe son nez. Un enfant sur-consommateur de jouets, les grands magasins et le bling-bling de Noël déclenchant toute l’histoire, sans compter la fin… mais j’y reviendrai.

Donc, on suit le film en se demandant réellement ce qu’on est en train de regarder, n’attendant plus que les apparitions du Père Noël à l’écran. Ce dernier, extrêmement ambigu, est tout de même un peu désaxé de la boussole puisqu’il comptabilisera quelques meurtres… dont celui d’un pauvre petit chien. Grand ami des animaux que je suis, cette scène a été l’une des plus pénibles de ma vie.

Côté musique, il faut préciser que c’est un peu la cacophonie en ce qui concerne l’ambiance générale (ah, mais il n’y avait pas M. Lalanne dans l’histoire ?). Par contre, on arrive dans du lourd avec la chanson Merry Christmas de Bonnie Tyler herself. Cette musique, couplée avec Thomas       décidant d’en finir avec ce vil Père Noël (et accessoirement d’aller enterrer son chien) colle des frissons et nous fait clairement quelque chose. Bien vu !

Tout ça pour arriver à une fin un peu speed mais qui prendra tout son sens lorsque le jeune Thomas regardera le résultat de sa soirée du réveillon de Noël. A ce stade, l’enfance n’est plus brisée, elle est émiettée, a subi une thermolyse et n’en reste que des cendres, et cela juste avant que la chanson de Bonnie Tyler ne reprenne. Une fin qui claque et qui brise les standards de l’enfance, non seulement pour Thomas, mais également de manière générale. La fin du film ou comment détruire définitivement la représentation de Noël dans le cœur des enfants. Trash, mais dans le ton.

3615 code Père Noël n’est pas un film exceptionnel. Un ton qui sonne faux la plupart du temps, des personnages que l’on peine vraiment à aimer ou détester (sauf le Père Noël que l’on kiffe à fond), une bonne idée de base mais mal exploitée, ou du moins suivie avec beaucoup trop de surenchère. Au final, reste le rôle inoubliable de Patrick Floersheim, captivant, intéressant, intrigant et flippant. A voir si vous êtes amateur d’acteur sachant concrètement jouer le Père Noël en mode psychopathe. Pour le reste, passez votre chemin et aller faire vos cadeaux de Noël.

Voilà ce que c’est de laisser son gosse seul à la maison avec le grand-père, le soir de Noël. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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