"Personne ne lui a jamais appris qu'on pouvait dire oui"

Gros succès en 2014, Annabelle s’est fait la part belle avec plus de 256 millions de dollars engrangés à travers le monde. Pourtant, le film est resté dans une configuration standard, ne parvenant pas à apporter une réelle innovation, que ce soit sur le fond ou la forme. Annabelle 2 : La Création du mal débarque sur les écrans en 2017. Malgré le « 2 » du titre, l’appellation de « création » prouve qu’il s’agit ici clairement d’une préquelle. Pour mettre la poupée en boîte, c’est David F. Sandberg qui passe derrière la caméra. Il s’est fait connaître grâce à son court-métrage Lights Out, en 2013, devenu un long métrage du même nom (Dans le noir en français) en 2016, film dans les clous de l’horreur mais avec des idées intéressantes. Est-ce que le monsieur parviendra à remonter le niveau du premier film ? Les suites sont rarement bien reçues, mais peut-on considérer une préquelle comme une suite ? ATTENTION : cet article contient des spoilers.

En 1955, douze ans après la mort terrible de leur petite fille, Samuel et Esther Mullins décident d’accueillir une bonne sœur et les pensionnaires d’un orphelinat. Les jeunes filles visitent les lieux et découvrent une chambre fermée à clé dans laquelle il est formellement interdit d’entrer. Une nuit, la jeune Janice va être entraînée dans cette pièce et découvrira une poupée enfermée dans un placard. Dès cet instant, les événements étranges vont se succéder et devenir de plus en plus violents, mettant en danger tous les occupants de la maison. Annabelle vient d’être libérée.

Stephanie Sigman est Sœur Charlotte. Bonne sœur compréhensive et juste, elle se retrouvera en première ligne face à la poupée, mettant à tout prix à l’abri ses petites protégées. Elle sera aussi l’occasion d’un léger crochet sur un prochain film de l’univers Conjuring (je vous laisse chercher lequel). Anthony LaPaglia est Samuel Mullins. Le Jack Malone de FBI : Portés disparus se tient impeccablement dans le rôle du père bourru, rempli de chagrin après la mort de son enfant. Son épouse Esther, jouée par Miranda Otto (oui, oui, Éowyn dans Le Seigner des Anneaux) est également dans le ton, même si ses apparitions se font plus rares. A noter Joseph Bishara dans le rôle du démon, déjà présent dans les films Insidious et Conjuring dans des rôles identiques.

Du côté des enfants, Talitha Bateman a la lourde tâche d’être Janice, celle qui découvrira Annabelle… et les conséquences vont avec. Posée dans le rôle, inquiétante par moment, elle gère extrêmement bien la chose. Même constat pour Lulu Wilson, déjà vue dans l’excellent Ouija : Les Origines, qui parvient à capter l’attention de manière spectaculaire. Les autres enfants se débrouillent également très bien. Bon casting !

Tout d’abord, là où Annabelle 2 : La Création du mal fait mieux que le premier film, c’est dans la profondeur et le traitement des différents rôles. Dans l’opus précédent, nous avions des personnages relativement fades, ne parvenant pas à nous mettre en mode empathie. Ici, chacun possède son lot de problèmes, de vécu et d’espoir. Il est dès lors beaucoup plus facile de se prendre d’affection pour eux, notamment Samuel Mullins, que l’on voit totalement détruit par la terrible perte de sa petite fille. Cela vient-il de l’écriture des personnages ? Du jeu d’acteurs ? Quoiqu’il en soit, forçant moins sur l’aspect « nouveau » de l’histoire d’Annabelle, une place plus large et laissée aux personnages, et c’est la classe.  

Vu que l’on apprécie plus les personnages, il est plus facile de s’immiscer dans le scénario qui, lui, restera facilement décelable. Dès les premières minutes, et en connaissant le synopsis du film, il sera aisé de savoir où tout cela va finir et les véritables raisons de la « naissance » d’Annabelle. Pourtant, l’axe central de l’histoire se suit sans faire de chichis et on se surprend à vivre le moment présent au lieu de se projeter dans les prochaines minutes pourtant convenues.

La tension est bien maîtrisée et le trouillomètre prend quelques fois l’ascenseur (la première nuit seule de Linda, la découverte du pot aux roses de la maman d’Annabelle, le cache-cache final), nous faisant passer des moments de peur corrects sans user et abuser de techniques vicelardes (notamment musicales) et permettant ainsi de jouer plus sur la tension que la surprise. Bon, c’est vrai que quelques scènes sont peu utiles, à l’instar du passage dans la grange avec l’épouvantail qui n’apporte rien au récit, si ce n’est un ou deux sursauts.

Et la poupée, dans tout ça ? Annabelle, fidèle à elle-même ! Nous nous retrouverons avec une poupée toute neuve, fabriquée par les soins de M. Mullins… et futur réceptacle d’un démon teigneux. Tout comme dans le premier film, la passivité d’Annabelle ne fait que renforcer un aspect réaliste bienvenu, jouant sur les plans fixes et nous préparant au pire. D’ailleurs, pendant le plan final, vous n’avez rien vu bouger, vous ?

La fin boucle la boucle avec le premier film… et c’est fort appréciable ! Même si on voit arriver la chose à des kilomètres, il était intelligent de procéder de la sorte pour faire le lien direct entre les deux métrages. Reste à savoir comment Annabelle a été en mesure de sortir de sa « prison » pour se retrouver chez John et Mia Form, mais cela est, sans doute, une autre histoire.

Les effets spéciaux restent d’excellente facture et sont appréciables durant tout le métrage, de même que les effets de lumière et la musique. Peu de reproches à faire au niveau de l’esthétique globale du film. On voit que David S. Sandberg s’est déjà attelé à cela dans son premier long métrage Dans le noir.

Pas de Raggedy Ann en vue (pour rappel, la poupée des faits rapportés par le couple Warren dans la véritable histoire), si ce n’est une nouvelle apparition à la fin du film sous la forme d’un cadeau offert à la petite Annabelle. Trop mignon, non ?

La profondeur du film peut sans doute s’expliquer par sa thématique. Là où, dans Annabelle, l’accent était mis sur un possible choc post-traumatique lié à une agression, Annabelle 2 envoie violemment sa base dès les premières minutes ; le deuil d’un enfant. Sujet extrêmement repris ces dernières années dans le genre horrifique, c’est effectivement un moyen d’aller plus loin et d’oser parler du chagrin et de la rage qui découlent d’une tragédie comme celle-ci… et ce que les parents sont prêts à faire pour tenter d’y remédier. Type de sujet difficile à gérer, David F. Sandberg y parvient tout de même, sans rajout ni manco.  

Annabelle 2 : La Création du mal reste dans les conventions horrifiques de ces dernières années. Pourtant, la réalisation, les personnages et l’esthétique du film font qu’il est appréciable de le voir. Le fait d’être une suite (en fait… une préquelle) n’entache en rien une certaine qualité. Conseillé à tous les amateurs d’horreur et de poupées pas gentilles, ce film est, au final, une chouette nouvelle facette de l’anthologie Conjuring. Tentez le coup.   

« Elle est tellement jolie que j’en rêve la nuit »… Merci Michel !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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