L'horreur au fond des bois

Premier long métrage de Sam Raimi, Evil Dead est un monument de l’horreur. Tiré d’un court-métrage du même réalisateur, Within the Woods, son histoire a traversé les années et a inspiré bon nombre de réalisateurs désireux de se lancer dans ce genre de films. Ce premier opus est suivi par Evil Dead 2 et Evil Dead 3 : L’Armée des ténèbres, cela sans compter les comics et la série télévisée de 2015 Ash vs. Evil Dead. Basé sur un scénario ma foi simple mais cruellement efficace, il fait en plus honneur à H.P. Lovecraft, écrivain horrifique de renom, en mettant en scène le terrifiant Necronomicon ou Livre des Morts. Si ce genre cinématographique vous intéresse, il vous est impossible de passer à côté de ce film. Prêt pour une petite virée en forêt ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

Ash, sa petite amie Linda, son amie Cheryl et un couple d’amis, Scott et Shelly, s’en vont prendre des vacances dans une cabane perdue au milieu des bois, peu chère en location donc attractive. Le soir, durant le repas, la trappe de la cave s’ouvre. En explorant les bas-fonds, ils découvrent un magnétophone et un étrange bouquin. Ils écoutent les bandes et libèrent malencontreusement une terrible force maléfique, bien décidée à les posséder les uns après les autres.

Bruce Campbell est Ash (Ashley de son prénom). Véritable célébrité dans le monde horrifique, ce personnage a fait ses débuts dans ce film pour ensuite devenir LE Ash connu aujourd’hui ; imbuvable, punchlinesque et antihéros absolu. Il campe ici un jeune homme qui va se retrouver aux prises avec une force démoniaque particulièrement tenace. Sa petite amie Linda est jouée par Betsy Baker, touchante et convaincante, qui aura un aspect carrément flippant en mode possédée. Ellen Sandweiss est Cheryl, une amie du couple, qui va également être l’une des pauvres victimes de la force invisible. Le jeune Scott est interprété par Richard DeManincor. Plaisantin à chaque instant, il va passablement en baver par la suite. Theresa Tilly est Shelly, elle aussi chair à canon en devenir.

Remettons les choses dans leur contexte ; nous sommes en 1981. Entre fin des années 70 et début des années 80, beaucoup de films d’horreur sont sortis. Halloween de John Carpenter (1978) ; Ridley Scott et son Alien, le 8ème passager (1979) ; Sean S. Cunningham qui lance Vendredi 13 en 1980 ; Shining de Stanley Kubrick (1980) ; et j’en passe. Dans tous ces films, Evil Dead apparaît comme une déformation du genre. Sam Raimi n’avait pas réellement d’intérêt pour le genre horrifique et pourtant, il nous réalise une œuvre efficace, sabrant certaines conventions du genre comme celles présentes dans les slashers ou les films de science-fiction. Pour un coup d’essai, un coup de maître !

Dès lors, c’est normal de voir ce film comme « vu et revu » en le découvrant aujourd’hui. En parvenant à le mettre dans son contexte, c’est une véritable petite bombe qui se trouve entre nos mains, ou plutôt sous nos yeux. Le scénario, très simple, rend pourtant le spectateur des plus tendus devant la quasi-totalité du métrage, imposant sa propre loi et faisant des résidents de la petite cabane des jouets pour entité démoniaque malintentionnée.

Tout se déroulera donc très vite, sans vraiment que nous ayons eu le temps de nous y préparer. En quelques instants, les forces maléfiques seront libérées et le destin de chacun des protagonistes va irrémédiablement se raccourcir. L’intensité du film est mise en avant par le fait que les codes ne sont pas réellement connus et donc tout peut arriver. L’effet de surprise est un élément indispensable dans ce métrage, nous mettant dans un contexte qui nous est totalement incontrôlable… du moins en 1981. Tous vont faire les frais du texte sur le magnétophone, et pas qu’un peu !

Usant d’astuces, notamment concernant les effets spéciaux, nous nous retrouvons dans l’histoire facilement et restons terrifiés devant la teneur que prennent les événements. On pourra noter pas mal de gore durant les diverses attaques des possédés (une tête qui flambe, quelques plantages de lame, etc.). Mention spéciale trouille au personnage de Linda, d’un flippant absolu dans le regard (yeux blancs, sourire statique) et rehaussant le mal-être avec un petit rire sadique s’échappant de sa bouche.

La présence maléfique est non seulement représentée par les différents protagonistes possédés, mais également par des scènes dans les bois, où l’on se met à la place de l’entité en question, avançant dans la forêt en direction de la cabane dans le but de pouvoir y entrer et d’y finir le travail qui a été commencé. Là encore, l’élément de tension devient non négligeable et à chacune de ces scènes, on aurait tendance à se recroqueviller dans notre canapé en espérant que la chose ne passera pas la porte.

Les acteurs en sont pratiquement tous à leurs débuts, mais se débrouillent bien, restant relativement naturels. Une toute autre facette de leurs personnages s’entrevoit lors des scènes de possessions, durant lesquelles nous aurons des prestations qui envoient du lourd, nous mettant dans la peau d’un gosse de 4 ans aux prises avec des trucs pas beaux et pas gentils. Beau travail de l’équipe !

Entre possessions, lattage de tronche et tentative de survie, tous auront forts à faire pour rester dans la partie… et ça ne sera pas le cas de tout le monde. Du coup, c’est l’occasion rêvée pour Ash de prendre en main son destin, même si la dernière image du film, terrible et désespérée, nous fait croire complètement le contraire. Même dans cette dernière scène, Sam Raimi nous montre que c’est lui qui tient la barre jusqu’au bout, et même si cela paraît violent, soudain voire sans explication rationnelle, on ne peut qu’être en accord avec ce final.

Evil Dead peut difficilement se raconter, d’autant plus aujourd’hui. C’est une expérience cinématographique à vivre impérativement pour tous les fans d’horreur, et peut-être même pour les autres. Instaurant les codes du genre « film horrifique en pleine forêt », initialement remis dans son contexte, nous avons une gerbe d’hémoglobine absolue qui nous arrive en pleine face. On peut dire que grâce à Sam Raimi et à ce métrage, on peut maintenant se délecter de plusieurs autres créations bien foutues (je pense notamment à La Cabane dans les bois de Drew Goddard, 2012).

Pour les vacances, préférez un all inclusive. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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