Y'a pas de lézard (enfin si, un gros dans le film)

Le kaijû, créé par Tomoyuki Tanaka et le studio japonais Toho, existe depuis 1954 et possède à son actif plus d’une trentaine de métrage qui lui sont consacrés. Il a même son étoile sur Hollywood Boulevard ! Mais attardons-nous sur ces dernières années. Après le bancal Godzilla de Roland Emmerich en 1998, Warner Bros aimerait bien remettre la franchise du monstre au goût du jour. En partenariat avec le studio Toho, ils font le deal de créer un univers à part entière dont la première pierre serait Godzilla en 2014, suivi d’autres films comme Kong : Skull Island en 2017. Pour le réaliser, on engage Gareth Edwards, nous ayant gratifié du très bon Monsters en 2010. Est-ce qu’une franchise comme celle-ci peut fracasser les frontières ? Le matériau d’origine est-il respecté ? Les gros monstres ont-ils toujours la cote ? Quand on s’attaque à une énormité comme Godzilla, il vaut mieux prendre de très grosses pincettes. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Physicien nucléaire de son état, Joseph Brody (Bryan Cranston) a perdu sa femme dans un incident qui a irradié la région de Tokyo, il y a quinze ans. Convaincu que cela ne vient pas d’un tremblement de terre comme le décrivent les sources officielles, il cherche activement les véritables raisons de ce drame. Accompagné de son fils Ford (Aaron Taylor-Johnson), ils découvrent qu’un monstre surpuissant est à l’origine de l’accident et que ce dernier est conservé par les autorités depuis tout ce temps. Mais voilà que la créature se réveille et qu’elle commence à tout détruire sur son passage.

Pour un film comme celui-là, il fallait un casting à la hauteur. On retrouve donc Aaron Taylor-Johnson dans le rôle principal de Ford. Loin de son costume de Kick-Ass, sa prestation fonctionne bien, surtout en binôme avec Bryan Cranston, son père à l’écran. Celui-ci interprète admirablement bien le patriarche de la famille Brody qui a tout perdu il y a quinze ans et qui tente de découvrir une vérité qui s’avérera exacte. Ken Watanabe, grand acteur japonais déjà vu dans passablement de métrages (Le Dernier Samouraï, Batman Begins, Lettres d’Iwo Jima, Inception), joue le rôle du Dr. Serizawa, membre de l’organisation Monarch censée observer et contrôler les activités des méga-monstres. Elizabeth Olsen tient le rôle d’Elle, la femme de Ford. On note le passage à l’écran de Juliette Binoche interprétant la femme de Joseph Brody et le rôle du Dr. Vivienne Graham tenu par Sally Hawkins, actrice qui se tient en tête d’affiche de La Forme de l’eau de Guillermo del Toro en 2017.

Interprétations bien senties, acteurs dans leurs rôles, écriture des personnages correcte, on regrette juste un passage à l’écran un peu trop rapide de certains d’entre eux, notamment Bryan Cranston. Mettant l’accent sur les relations entre les personnages et les terribles événements du film, le réalisateur Gareth Edwards gère bien la chose et on se prend de sympathie pour plusieurs membres du casting.

Reprendre une franchise comme celle de Godzilla sans faire de vague, ce n’est pas évident. Roland Emmerich, en 1998, voulait « américaniser » l’histoire en plombant une bonne partie du matériau d’origine, nous plongeant dans un scénario en mode action mais sans un véritable fond. Ici, c’est l’inverse. On respecte énormément les standards apportés par les nombreux films de la saga originelle, à commencer par la présence de plusieurs monstres à l’écran.

Car oui, nous n’aurons pas juste un gros lézard qui vient se trémousser devant nos mirettes ébahies ; des kaijûs nommés MUTO, spécialement créés pour le film, seront aussi de la partie. Sorte de gros insectes, le mâle et la femelle souhaitent s’organiser un rencard histoire de faire plein de petits MUTO et ainsi reprendre possession de la planète. Pour faire face à ces monstres ultimes, il n’y a qu’une seule solution ; Godzilla. On en arrive alors au centre des films produits jusqu’ici, présentant le monstre comme une menace ou, au contraire, comme une solution. Quand le monde est déchiré par des immensités comme les MUTO, faire appel à un monstre encore plus fort est certes une idée complètement folle, mais qui a lieu de fonctionner.

Et il est en forme, Godzilla ! Avec 50 mètres de hauteur dans le film de 1954, il passe à 108 mètres dans celui-ci ! Ceux qui voulaient voir de gros monstres à l’écran vont être servis, les MUTO n’étant pas en reste. C’est donc logiquement que nous avons droit à des destructions massives de villes et surtout à un combat final qui vaut son gros pesant de cacahuètes. Quand des bestioles aussi grandes commencent à se mettre sur la gueule, ça fait des dégâts !

De l’action, des explosions, des situations critiques, des monstres géants qui se mettent en mode fighting, Godzilla ce n’est pas seulement ça. C’est aussi un scénario construit pour durer sur plusieurs films ; le MonsterVerse. Warner Bros souhaitant placer les bébêtes ultimes sur le devant de la scène, la construction scénaristique devient alors un élément des plus importants. Comment voulez-vous vous immerger dans un univers si l’écriture est naze ?

Eh bien, rassurez-vous ; ce n’est pas le cas ici. En plus de nous offrir une profondeur aux différents personnages, le scénario de Max Borenstein s’attèle à nous poser quelques miettes de pain pour la suite des événements, notamment en ce qui concerne l’étrange organisation Monarch. Nous avons donc un méga-film de monstres avec, en prime, une structure narrative bien construite.

Alors oui, il y a quelques raccourcis notables, surtout en ce qui concerne le retour de Ford auprès de sa famille (incroyable comme les correspondances entre transports peuvent être aisées, même en temps de chaos complet). Et puis, il fallait bien que les deux MUTO se retrouvent sur territoire américain. C’est bien connu ; les Etats-Unis, c’est l’idéal pour les retrouvailles en famille. Cependant, cela ne vient en rien péjorer la qualité du métrage qui reste sur son chemin de briques jaunes établi.

Au-delà de tout ça, Godzilla est aussi un film sur la force que représente la famille, sur le pardon et la rédemption, même si cela arrive un peu tard. L’espoir est partie intégrante de l’histoire et lorsque tout semble perdu, l’idée la plus destructrice peut s’avérer la plus logique et surtout celle qui permettra à l’humanité de perdurer. Si, en plus, cela nous gratifie de quelques scènes de baston entre monstres, que demander de mieux.

La remise au goût du jour de Godzilla est une agréable surprise. La suite de cet univers, avec Kong : Skull Island en 2017, augure également du bon pour la continuité des films de kaijûs en mode américano-japonais. Doté d’une structure solide, de personnages intéressants et d’une histoire s’étalant sur plusieurs métrages, ce film nous lance dans une toute nouvelle dimension que l’on prend plaisir à découvrir et qui peut également nous donner envie de voir ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Amateurs de grosses bestioles et d’histoires spectaculaires avec un fond qui n’est pas en carton-pâte, je vous le conseille vivement.

Moi je vous dis, la suite annonce du très lourd, tant en terme de qualité que de poids.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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