Thor ne perd pas le Nord

La mythologie nordique possède une certaine place dans les créations visuelles de ces dernières années. On peut mentionner la présence de Thor et tout son univers dans le Marveliverse ou encore l’approfondissement de ces mythes et légendes dans le dernier opus du jeu vidéo God of War. Ce qui nous intéresse ici, c’est une série dano-norvégienne de 2020 créée par Adam Price. Ciblant principalement un public adolescent, n’en reste que les standards mythologiques apportent une essence non négligeable à l’ambiance de cette création. Mais relate-t-elle vraiment une histoire intéressante ? La vie est-elle plus facile dans la petite ville d’Edda ? Le plastique, n’est-ce pas aussi fantastique ? On prend son sac à dos, on parcourt les fjords et on se lance dans la critique.

Magne (David Stakston) et son frère Laurits (Jonas Strand Gavli) partent vivre avec leur mère Turid (Henriette Steenstrup) dans leur ville natale d’Edda, en Norvège. Entre le lycée, l’usine de la famille la plus puissante de la région, les Jutul, les amours naissantes et la beauté de la nature, Magne va se découvrir des pouvoirs insoupçonnés. Cela peut sans doute l’aider dans sa quête de vérité à la suite de la mort de l’une de ses nouvelles amies. 

Bon, dit comme ça, ça n’a pas l’air alléchant plus que de raison. Pourtant, les six épisodes de cette première saison, oscillant entre quarante et cinquante minutes, se bouffent comme des Kim’s. On ne peut ressentir une puissante mise en scène clairement destinée à un public majoritairement adolescent, mais plusieurs petites choses font que cette série possède son propre charme.

Les acteurs sont relativement convaincus de leurs rôles. Magne est un personnage attachant bien que souvent monocorde dans sa manière d’être. Son frangin Laurits envoie plus d’effet, tant au niveau des dialogues que visuellement. En les voyant déambuler dans les couloirs du lycée, notre mémoire se focalise sur le duo Chris Hemsworth/Tom Hiddleston dans le Marveliverse et on se prend au jeu.

Pour compléter ce duo, on retrouve les éternels mêmes zonards du bahut ; Fjor (Herman Tommeraas) et Saxa (Theresa Frostad Eggesbo), les enfants guindés de la famille Jutul ; Gry (Emma Bones) la jeune et gentille jeune fille qui a volé le cœur de Fjor… et Magne ; et Isolde (Ylva Bjorkaas Thedin), la jeune militante écolo du lycée.

Tout ce petit monde est entouré d’adultes comme Turid (Henriette Steenstrup), la mère désabusée de Magne et Laurits ; Vidar (Gisli Örn Garoarsson), le puissant patriarche de la famille Jutul ; Ran (Synnove Macody), son épouse et directrice du lycée ; Erik (Odd-Magnus Williamson), père d’Isolde et prof ; et le personnage de Wenche (Eli Anne Linnestead) qui nous fait bien marrer à sa caisse de supermarché.

Globalement, les rôles collent à l’univers de la série. On peut d’ailleurs noter que le nom de « Magne » est proche de celui du fils de Thor dans la mythologie nordique, Magni. Avec quelques bases, on retrouve rapidement les différents personnages qui sont représentés à l’écran et on prend plaisir à les découvrir… et surtout lever le voile sur leur potentiel.

Car s’il y a bien un élément qui nous tient en haleine, c’est le principe de nous présenter deux camps antagonistes qui se battent depuis la nuit des temps ; les Dieux et les Géants. Une fois que cette base est posée, on entre alors dans une série qui joue habilement sur le surnaturel sans en faire des caisses tout en conservant un sens de l’esthétisme et du rythme assez intéressant.

On partage donc les différents moments de la série entre découverte de nouveaux pouvoirs, arnaques et plans machiavéliques de la famille Jutul ainsi que quelques retournements de veste intempestifs de divers personnages. Le tout baigne dans une ambiance typiquement nordique, notamment grâce à des plans magnifiques sur la région et un ton alliant la légèreté à la gravité.

Bon, du coup, on va devoir se coltiner tout ce que l’on peut retrouver dans une série de ce type ; la fille aux prises avec des sentiments pour deux garçons, le changement rédempteur d’un « méchant », les regards complices dans la salle de classe, la difficulté d’intégration de celui qui va, sans doute, sauver tout le monde, etc. Les standards, on les connaît et lors du visionnage, notre cerveau les zappe assez rapidement.

L’histoire va crescendo. En conservant des notes vocales de ses exploits, Magne se rend alors compte qu’il bénéficie d’une force accrue, d’une vision bien meilleure et d’un potentiel de destruction non négligeable. Tout en enquêtant sur la mort de son amie, il découvre que la famille Jutul n’est peut-être pas ce qu’elle prétend être, polluant la région à outrance non sans proposer des emplois à la population locale.

Et là, BADABOUM ! On se retrouve dans un contexte ô combien mentionné ces dernières années ; le réchauffement climatique. On se dit alors que l’arrivée du représentant de Thor va être une excuse à deux couronnes pour nous faire un discours moralisateur sur le sujet. La série ne tombe pas dans ce piège et utilise cela comme tremplin pour faire de notre futur héros un jeune homme rempli de détermination et de causes nobles.

Bien que le discours vert revienne de manière récurrente dans le récit et soit à la base de ce dernier, n’en reste qu’en mixant cela avec une guerre ancestrale entre deux super-puissances (Dieux et Géants), tout se fond dans la masse et ne donne pas tort aux conclusions que l’on peut trouver en cours de route. Donc pas de panique ; nous ne sommes pas dans une fable fantasmagorique chlorophyllienne. La cause est juste, bien traitée et utilisée avec parcimonie.

Comme déjà dit, la série possède un esthétisme franchement joli et nous fait avancer dans des décors magnifiques pourtant heurtés par l’arrivée de l’industrie dans la région. Et moi qui croyait que les Géants étaient, à la base, des esprits de la nature ; il faut croire que le capitalisme sauvage a eu raison d’eux. Entre défense de l’environnement, pognon de l’industrie et vie sociétale au lycée, les sujets sont nombreux et peuvent inviter à une certaine réflexion.

Les six épisodes se dévorent donc facilement si l’on suit l’aventure sans trop se poser de questions. Une saison deux étant commandée, cela permettra non seulement de faire le jour sur quelques intrigues laissées en suspens mais également de connaître la suite de l’évolution des personnages. Cette première saison se termine, il faut le dire, de manière relativement abrupte. 

Avec ses idées bien arrêtées et sa proximité avec la mythologie nordique, Ragnarök est un bon moyen de passer un agréable moment télévisuel. Personnages que l’on s’amuse à réconcilier avec le panthéon nordique, causes justes sans en faire trop, la série joue habilement tant sur le tableau de la normalité que celui des supers pouvoirs grandissants de Magne. Bonne surprise, on attend la suite de pied ferme.

Raconter une bonne blague à Magne à 5h du mat’, c’est un moyen que Thor se marre tôt…

OK, je sors.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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