Le petit Nicolas est devenu grand

Dick Maas, cela vous dit-il quelque chose ? Si vous êtes amateur d’horreur, ça devrait. Il est le réalisateur de L’Ascenseur (1983), Amsterdamned (1988) et L’Ascenseur : Niveau 2 (2001, remake de son propre film). La même année que celle de la sortie de Père Noël Origines, le réalisateur nous propose Saint, où c’est Saint Nicolas qui va prendre cher. Le néerlandais aux commandes signe également le scénario de cette histoire où cet autre grand monsieur barbu habillé en rouge vient pour mettre des roustes à tous ceux qu’il croise. Est-ce que Nicolas est vraiment un saint ? Que penser d’un film comme celui-là ? Amsterdam, est-ce une ville sûre ? On dépose ses souliers derrière la porte et on se lance en quête de réponses ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1492, une bande de voleurs et de meurtriers est dirigée par l’ancien évêque Nicolas. Après que ces sinistres individus aient pillé un village, les habitants se révoltent et crament leur bateau (faut les comprendre, aussi). En 1968, une famille se fait décimer par le fantôme de Nicolas, qui revient chaque année où la pleine lune coïncide avec la Saint-Nicolas. Seul survivant du massacre : le jeune Goert. En 2010, ce dernier est devenu policier et le jour du saint tombe sur une pleine lune. Il doit se dresser contre ce monstre pour éviter qu’Amsterdam ne finisse dans un bain de sang.

Vous connaissez bien les acteurs néerlandais ? Vous devriez au moins reconnaître Huub Stapel dans le rôle de Nicolas. Ce dernier a également joué dans L’Ascenseur et Amsterdamned. Pour les autres, nous avons Egber Jan Weeber jouant Frank, un adolescent un peu paumé au niveau sentiments qui se retrouvera en pleine tourmente lors de l’arrivée du saint. Caro Lenssen est Lisa, sa petite amie du moment. Goert adulte est campé par Bert Luppes (Niels van den Berg lorsqu’il est enfant). Sans doute le rôle le plus profond du métrage, avec une prestation impeccable du flic que personne ne veut croire et à qui l’on fait des blagues douteuses. Pour finir, mentionnons Van Dijk (Ben Ramakers) qui possède la véritable tête du type à qui il ne faut pas chercher des noises.

La distribution est sympathique… mais inégale. Autant certains personnages feront mouche (Goert, les policiers en général) mais d’autres sembleront un peu patauger dans l’indécision, ne sachant pas s’il faut nous faire rire… ou pleurer. Les adolescentes se la jouant comme des ménagères de quarante ans, on n’y croit pas des masses. Un peu bancal au niveau des persos, dommage.

Le scénario ? Saint-Nicolas est en fait un salaud qui revient tous les 42 ans pour buter des gens. Bon, ce serait réducteur de décrire le film ainsi, surtout que Dick Maas prend la peine de nous expliquer le pourquoi du comment. On commence donc avec une séquence en 1492, montrant Nico et sa petite armée piller un village. S’ensuit sa mort par le feu, terrible, annonçant bien entendu l’arrivée de son fantôme par intervalle régulier.

La séquence en 1968 nous met tout de suite dans le bain et nous propose une premier rencontre violente avec le spectre de début décembre. Nous arrivons ensuite en 2010 où l’on nous explique les déboires de Frank et surtout ceux de Goert. Puis, à partir du milieu du métrage (va savoir pourquoi), on tombera dans un rythme inégal et ne pouvant plus décoller. On sera tantôt surpris par d’excellentes idées, tantôt blasé par le manque total de consistance.

Au palmarès des bonnes idées, il y a la poursuite entre la police et le fantôme. Ce dernier, à cheval, sur les toits de la ville, est suivi par la police qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Une séquence franchement sympathique, donnant un peu d’action au métrage et, au vu du budget, très bien faite. Les effets spéciaux, de manière générale, sont pas mal, et les effets de maquillage du saint sont bien fichus. Quant à son armée… ben… sur les plans serrés, ce n’est pas mal du tout mais dès qu’on s’éloigne, c’est juste des mecs masqués, non ?

Il y a aussi l’attaque de l’équipe de Nico sur Frank et ses amis, ce qui donnera quelques débordements gores bienvenus. Car oui, nous aurons quelques instants où le gore aura sa place, sans aller dans la surenchère ni être trop soft. Un bon dosage d’hémoglobine. Pour le reste du film, de l’horreur ? Eh bien, on sursaute beaucoup avec les jump-scares, mais pour le reste, c’est gentillet. En fait, on nous promet une abondance d’horreur avec l’arrivée de Nicolas et de son équipe, mais cela n’arrivera pas.

Et l’antagoniste principal dans tout ça, c’est un véritable salaud ? Il est vrai qu’il apprécie particulièrement jouer de sa canne garnie de lames pour châtier (salement) les différentes personnes qu’il croise. Et même si le maquillage est impec’, n’en reste que le niveau de méchanceté du bonhomme reste passif. S’il n’avait pas ses larbins avec lui, il ne pourrait pas faire grand-chose, le bougre.

Au niveau de l’image, il faut préciser deux choses. Tout d’abord, Dick Maas aime l’image… et ça se voit. Son hommage aux films d’horreur des années 70, lors de l’arrivée du saint, dans l’hôpital des enfants ne laisse aucune doute. Jouant habilement sur la lumière, plusieurs plans vaudront clairement la peine. Ensuite, nous sommes à Amsterdam, ville architecturalement intéressante et surtout permettant de passer par différentes sections durant tout le film. C’est ainsi que nous aurons la course-poursuite sur les toits, une balade en bateau et des confrontations dans d’étroites ruelles. Une manière comme une autre de visiter la ville.

Insérant l’idée de la critique commerciale, utilisant la fête de Saint-Nicolas à des fins pécuniaires, Dick Maas fait du très bon dans la première moitié, pour se relâcher dans la seconde. On traînera ainsi jusqu’à un final explosif mais décevant ainsi qu’une dernière image au procédé utilisé dans nombre de métrages, mais qui fonctionne, il faut le dire, toujours aussi bien. Reste cette histoire avec les autorités au parfum de l’histoire et masquant la vérité… pour continuer d’engranger du pognon. Ah, on nous cache toujours tout !

Saint n’est pas un chef d’œuvre, mais un petit film atypique ayant la bonne idée d’avoir un scénario original et sortant des sentiers battus. Il faut faire l’impasse sur quelques prestations peu convaincantes et sur un rythme bafoué en seconde partie pour apprécier le fait que ça se passe à Amsterdam et que nous avons affaire, quand même, au type qui a fait un film sur un ascenseur tueur.

Il a un cheval solide, le Nico, non ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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