Peut-on en parler ?

« On n’a pas été aussi bluffé depuis Sixième Sens » nous clame l’affiche. Soit on se fait avoir, soit y’a vraiment quelque chose à se caler sous la quenotte. The Secret est le titre francisé de The Tall Man (allez savoir pourquoi) et est sorti en 2012. Dirigé par un français bien connu, Pascal Laugier, réalisateur du making of du Pacte des loups de Christophe Gans, celui-ci a officié derrière la caméra pour Saint-Ange (2004) et son ardu Martyrs (2008). Son job ; mettre en scène un film qui traite du sujet délicat des enlèvements d’enfants afin d’expliquer pourquoi un certain nombre ne sont jamais retrouvés. Est-ce un secret de polichinelle ? Le film va-t-il dépasser le twist INCROYABLE de Sixième Sens ? Les villes minières sont-elles toutes dans la merde ? Je vais faire de mon mieux pour causer de ce métrage sans balancer le fond de l’intrigue principale, mais méfiez-vous de quelques spoilers qui pourraient rôder. Et puis, dans le fond, un secret n’en est plus vraiment un du moment qu’il est partagé, non ?

Julia Denning (Jessica Biel) travaille comme infirmière dans la petite ville en perdition de Cold Rock. Cité minière qui a connu ses heures de gloire, c’est maintenant un endroit désœuvré, propice à la pauvreté, à la violence et aux kidnappings d’enfants. Car oui, à Cold Rock, des enfants disparaissent régulièrement et ne sont jamais retrouvés. La rumeur voudrait qu’un mystérieux individu, le Tall Man, soit à l’origine de ces disparitions.

Le cadre est posé ; Cold Rock, c’est le bazar, et le rendu est tout à fait crédible à l’écran. Ancienne ville prospère, c’est maintenant un lieu ravagé par la crise où les habitants tentent, tant bien que mal, de survivre. Nous suivons donc Julia dans son train-train quotidien et vivant dans une grande maison avec son fils et la nounou de celui-ci. Jessica Biel parvient à bien faire coller son personnage à l’univers de la ville et nous surprend même, surtout dans la seconde partie du film.

Nous retrouvons aussi une actrice habituée aux villes minières dépéries. Après notamment son passage remarqué dans Silent Hill (2006), Jodelle Ferland interprète présentement Jenny, jeune fille amie de Julia, quelque peu mutique mais dans un rôle intéressant. On peut aussi mentionner la présence de Stephen McHattie et de William B. Davis en représentants de l’autorité. Samantha Ferris vient compléter le tableau dans le rôle de Tracy, la mère de Jenny, battue mais sachant potentiellement riposter.  

Si Sixième Sens de M. Night Shyamalan nous a tous scotché comme des nazes dans sa finalité, c’est ici bien avant que le scénario prend un tournant… radical. Vers le milieu du film, les choses vont dans une direction complètement opposée de ce que l’on attendait et nous emmènent à un autre niveau de l’histoire. Il faut avouer que l’idée est intelligente et que l’on ne s’attend clairement pas à ce que le scénario tourne aussi vite dans le métrage. Bonne surprise de ce côté-là.

Par contre, on note qu’il est facile de deviner les tenants et aboutissants de cette histoire une fois cette première partie passée. On se fait avoir encore quelques minutes après les grosses révélations, puis on en arrive assez vite à une conclusion qui s’avère… exacte. Gros tournant à mi-métrage mais qui estompe toute la puissance du twist sur la seconde partie, ne parvenant pas à renouveler l’intensité du pied-de-nez de l’histoire.

Pascal Laugier gère bien son monde et possède son propre style filmique. Les plans sont sympathiques et permettent de nous plonger à corps perdu dans cette ville sombre en pleine galère économique. S’il y a très peu à redire au niveau technique (notamment une course-poursuite de dingue entre Julia et le Tall Man), c’est sur le rythme que les choses pèchent méchamment.

Après une première partie assez mystérieuse, avec l’incursion du Tall Man, sa légende, sa présence en demi-teinte et l’étalage traditionnel des personnages, on se prend la révélation dans la tronche et on termine le métrage avec une certaine lassitude, comme si on s’en était trop pris jusqu’ici. Il faut dire qu’on ne nous explique pas les choses avec le dos de la cuillère et on se retrouve pantois devant la radicalité prise par le film.

Car il s’agit bien ici de problèmes économiques, tout d’abord soulevés par la gangrène terrible qui se propage en ville. Les disparitions d’enfants à Cold Rock sont tragiques et renforcent encore l’antipathie des habitants entre eux et surtout envers la société. Le bar du coin reste donc un des seuls endroits encore fréquentés, lieu de stationnement de bon nombre d’habitants, venant y passer leur journée dans le but de retrouver des visages familiers dans la même galère.

En prenant le pari de raconter une histoire mystérieuse, horrifique, étrange et surfant sur un fond de thriller bienvenu, Pascal Laugier finit par perdre ses spectateurs qui s’ennuient ferme durant la dernière partie, parvenant à deviner les frasques à venir de nos différents protagonistes. Au détour d’une scène bien posée au niveau du cadre, baladant la caméra dans une pièce, il est impossible de se tromper sur la direction à prendre et on en vient à découvrir le pot-aux-roses.

Restant les yeux rivés sur l’écran, on en arrive à un final sympathique, renforçant les questionnements éthiques liés aux différents personnages. Est-ce que tout cela est finalement une bonne chose ? Une autre fin serait-elle plus heureuse ? A ces questions, je laisse le débat ouvert, la teneur du film arguant le fait que c’est à chacun de voir les choses comme il l’entend. Mais les trois derniers mots identiques de la voix-off de Jenny nous laisse quand même une terrible interrogation dans la tête. 

Un peu lassant, pas vraiment convaincant, nous faisant croire à une histoire de croque-mitaine mais partant sur totalement autre chose, The Secret reste intéressant par son twist en cours de route qui change complètement la donne et sa fin envoyant du lourd en matière de questionnements. Pour le reste, il faudra se tenir bien réveillé et espérer ne pas sombrer dans une déprime qui semble déjà avoir conquis Cold Rock.

Mine de rien, le secret était quand même bien gardé.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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