Entre l'espoir et le doute

Le Canada ! Ses vastes étendues, sa nature sauvage, son sirop d’érable… et ses villes prises d’assaut par un étrange virus. Apparue sur la chaîne Citytv entre mai 2015 et août 2016, Between narre la propagation d’un étrange agent pathogène dans la petite bourgade de Pretty Lake, décimant la population en-dessus de 22 ans. Créée par Michael McGowan, la série ne restera pas bien longtemps sur les écrans, faute d’assiduité du public. Que s’est-il passé ? A-t-on déserté Pretty Lake ? Les virus sont-ils vraiment méchants ? On se souvient nostalgiquement de son 22ème anniversaire et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

La petite ville de Pretty Lake est frappée par un mal mystérieux ; tous les habitants de plus de 22 ans meurent subitement. Le gouvernement décide alors de confiner la citée, laissant les survivants se débrouiller par eux-mêmes. C’est dans ce joyeux bordel que Wiley (Jennette McCurdy) devra accoucher, que Gord (Ryan Allen) devra s’occuper de la ferme familiale et de sa petite sœur et que Chuck (Justin Kelly) devra prouver qu’il n’est pas qu’un gosse de riche.

Une distribution relativement jeune nous attend, vous le pensez bien. Les interprétations sont…mitigées. La faute aux jeux des acteurs ou à l’écriture de leurs personnages ? Personnellement, je pense que le travail est fait de la part des protagonistes mais qu’il y avait quelques lacunes à l’écriture… ou à la direction. 

Wiley (Jennette McCurdy) s’en tire bien au vu de la situation et des secrets qui l’entourent, non sans jouer quelques fois la girouette. Jeune mère depuis peu, elle doit survivre dans ce monde de brutes tout en découvrant les principes de la maternité. 

Le personnage d’Adam (Jesse Carere) gagne la palme de l’inexpressivité absolue et de la coupe de cheveux la plus mémorable de l’histoire du petit écran durant la première saison (même en incluant les films de Nicolas Cage !). Ce jeune génie reste pourtant un sauveur avec le charisme d’un caddie de supermarché tant il semble être à des kilomètres de ce qu’il se passe.

Gord (Ryan Allen) s’occupe de sa petite sœur Franny (Shailyn Pierre-Dixon) et de la ferme familiale. Juste et droit dans ses bottes, il tente d’apporter son aide en ville et fait preuve d’un altruisme à toute épreuve. Sa petite sœur, elle, dézingue du tigre à coup de fusil quand elle ne tire par sur les gens par vengeance ou pique de la bouffe pour les potes de son âge.

Chuck (Justin Kelly), le fils à papa du coin, est le Mister Pas-de-bol de cette série ! Une de ses sœurs meurt accidentellement quand Pat Creeker (Jim Watson) tente de l’empêcher de se suicider ; son autre frangine se fait percuter par une voiture conduite par… Pat Creeker ; et sa copine Stacey (Samantha Munro) se tape… le frère de Pat, Ronnie (Kyle Mac). Normal dès lors qu’il fasse quelques mauvais choix en cours de route. Dans la famille Creeker, reste la sœur, Tracey (Jordan Todosey), mignonne et dans le ton.

Puis, en saison deux on nous ajoute un peu de casting principal avec Liam (Steven Grayhm) un scientifique de plus de 22 ans qui a potentiellement découvert un antidote ; et Renée (Mercedes Morris) une cheffe de bande pas farouche et adepte de la conservation de nourriture sans en avertir ses petits protégés.

Vous l’aurez compris grâce au ton quelque peu ironique de ce qui précède, le casting est en demi-teinte. Pourtant, même si on ne peut pas dire que les personnages soient réellement fouillés dans leur psychologie, ils se suivent sans trop de mal. Leurs décisions sont parfois à des années-lumière de toute cohérence, mais qui ne ferait pas de mauvais choix dans un bazar pareil ?

Au-delà des personnages en eux-mêmes et des choix qui sont faits dans l’histoire, c’est cette dernière qui reste relativement mise de côté. On démarre pourtant sur un fait intrigant, mettant en scène un salopiot de virus qui décime les personnes de plus de 22 ans. Choix étrange dans la sélection de ses victimes… assez étrange pour conserver notre attention en début de série afin de nous garder plus longtemps derrière notre écran.

Pourtant, les véritables raisons de l’arrivée de ce virus tendent à nouveau vers le complot international et la prise en main du gouvernement, bien décidé soit à trouver une solution pour devenir le héros, soit à raser la ville pour ne plus en parler. Trop de complot tue le complot. Dès le moment où l’on apprend que tout est orchestré de l’extérieur, on se met en mode « Veille ». Sérieusement, les théories complotistes simplistes justifiant des scénarios à rallonge, y’en a un peu ras-le-bol.

Et puis c’est quoi ce délire de faire en sorte que ceux qui ont reçu l’antidote deviennent des sortes de super-humains, avec une capacité régénératrice qui ferait pâlir Wolverine et une résistance hors norme aux armes à feu. En plus de passer le cap des 22 ans, on les rend invincibles ou quoi ? Cette idée aurait pu être exploitée à fond dans une troisième saison… et c’est peut-être mieux qu’on en reste-là. 

Si l’on parvient à passer par-dessus cela, n’en reste que l’organisation des survivants colle bien à un univers en pleine apocalypse. Les réserves de nourriture diminuent, forçant les survivants (notamment Gord) à trouver des solutions. Et puis, comment faire avec tous les enfants qui ont perdu leurs parents ? La mise en place d’un orphelinat semble être une bonne option, tant dans la situation de la série que dans l’idée scénaristique.

Même avec des acteurs pas foncièrement tous convaincus et un scénario tendant méchamment vers la facilité du complot, on reste tout de même croché, attendant de voir comment va se passer la suite des événements. Il y a surtout les conséquences aux actes des protagonistes qui nous maintiennent en vie, principalement ; qu’est-ce qu’il se passerait s’ils parvenaient à sortir ?

Cette idée intervient principalement durant la saison deux où ils auraient mieux fait d’installer un tourniquet à la bordure de quarantaine tant cela commence de paraître simple de pouvoir s’en aller… avec les conséquences que cela apporte, les infectés de Pretty Lake étant contagieux. Je vous laisse le soin d’imaginer le chaos que cela pourrait engendrer en cas de sortie intempestive.

On suit donc les deux saisons sans réellement être convaincu de ce que l’on voit et surtout avec l’envie de savoir si le final parviendra à nous coller quelque chose de plus couillu, terminant la série triomphalement. Eh bien, parfois, l’attente ne vaut pas la chandelle. Ici, on se retrouve avec des évadés changeant radicalement de vie et balançant à la face du monde les méchantes manigances du gouvernement, permettant ainsi de sauver les habitants restés à Pretty Lake de l’extermination.

Les dernières images ne laissent aucun doute ; le gouvernement finit par gagner, inoculant le virus dans le monde entier. Ayant le monopole de l’antidote, il s’agit maintenant de faire un peu de pognon avec l’industrie pharmaceutique en le vendant à prix d’or à tout les plus âgés de 22 ans qui auront les moyens de l’acheter. On regrette presque l’absence d’une troisième saison où l’on aurait constaté le bazar mondial que cela aurait créé.

Between, c’est une série qui parle de beaucoup de choses. Un peu trop ? Le fait de laisser de jeunes adultes à la merci d’eux-mêmes, dans une ville où les ressources diminuent méchamment de jour en jour et où les animosités peuvent partir en cacahuète à tout moment vu la non-présence des forces de l’ordre, c’est une idée qui fait son chemin dans la série.

La première saison est plus axée sur le comportement des survivants et leur capacité à se mettre immédiatement en bande en cas de souci. La famille Creeker prend cher face à la bande des sportifs de Chuck, ce dernier pensant conserver les droits que son père avait sur la ville. En saison deux, c’est la bande à Renée qui intervient dans l’histoire, non sans chambouler quelque peu la vie de Ronnie, personnage carnassier et multiformes.

La psychologie de masse en cas de problèmes sociétaux, les affres de la maternité, les choix difficiles à faire en lieu et place des parents, l’amour trouvé lors de la rencontre de nouveaux protagonistes, les relations de couples difficiles, l’éducation des enfants, tout cela est combiné dans les différents épisodes, comme un microcosme de la société actuelle condensée dans une classe d’âge et un lieu précis.

Tout ça, c’était sans compter sur les raisons de l’existence du virus ; la surpopulation mondiale. Afin de réguler tout ça, l’humain se dit que balancer un truc tuant les plus de 22 ans pourrait potentiellement être une bonne idée. Si on en était resté là, on se dirait que pourquoi pas, mais s’il s’agit vraiment de sauver le monde (et non pas d’engranger du flouze), pourquoi alors créer un antidote ? Du coup, ben… ça servait qu’à faire du pognon.

Parlant de problèmes sociétaux bien existants mais se prenant les pieds dans le tapis à plusieurs niveaux, on comprend pourquoi Between ne compte que deux saisons. Un total de douze épisodes de 45 minutes et l’affaire est bazardée. A cela, il faut encore ajouter huit webisodes traitant de la vie des protagonistes avant toute l’affaire de Pretty Lake. Si vous êtes un mordu ultime des séries reprenant le concept d’Under the Dome avec d’autres idées mais un même fond, allez-y sans risque. Pour les autres, je vous conseille de gentiment passer votre chemin et de ne pas vous arrêter à Pretty Lake.

Oh, et puis zut ! Il faut bien que jeunesse se passe, non ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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