"Saw" what ?

La saga Saw a marqué le domaine horrifique de manière sanglante, mais pas toujours convaincante. La franchise, débutée en 2004, s’est étalée jusqu’en 2010 avec un total de sept films. La complexité d’un scénario devenant brouillon et la répétitivité des intrigues ont clairement essoufflé la franchise, notamment dans les épisodes 4, 5 et 6. En 2017, quand on entend qu’un nouvel opus va sortir, on s’attend évidemment à retrouver des pièges atroces bien sentis, mais également un refresh de cette franchise qui peut être résumée ainsi ; John Kramer, alias Jigsaw (le Tueur au puzzle) met à l’épreuve des gens triés sur le volet dans des pièges vicieux avec le choix suivant : « Vivre ou mourir, à vous de choisir ». Si le premier film n’a pas fait l’unanimité critique mais reste considéré comme culte, qu’en sera-t-il de celui-ci ? Est-ce que nous allons être éclaboussés ? Jigsaw est-il réellement de retour ? Pour cette nouvelle section de Saw, ce sont les frères Michael et Peter Spierig qui se trouvent derrière la caméra. Gros boulot pour eux de parvenir à faire en sorte que cette construction parfois bancale ne s’écroule pas. Apprécier ou déprécier, à vous de choisir. ATTENTION : cet article contient, potentiellement, des spoilers

Voilà dix ans que John Kramer (Tobin Bell), le terrifiant Tueur au puzzle, est décédé. Cependant, le détective Halloran (Callum Keith Rennie) et son co-équipier le détective Hunt (Clé Bennett) découvrent qu’un nouveau jeu, dont dépend la vie de cinq personnes, vient de commencer. John Kramer est-il de retour ou un adepte de ce dernier a-t-il repris le flambeau ?

Marquée par ses twists finaux souvent de malades et ses pièges sanglants à souhait, la saga Saw est aussi embourbée dans un système parfois complexe de scénario à rallonge, et surtout à tiroirs. Dans ce bazar plus ou moins organisé, on note l’apparition fréquente de plusieurs personnages, à commencer par Monsieur John Kramer, celui autour duquel tourne absolument tout. Résolu, réfléchi, cohérent, avec une philosophie discutable mais collant au personnage, il s’agit du pilier le plus solide de tous les films de cette franchise. Mais comment construire une histoire autour d’un personnage censé être mort depuis plus de dix ans ?

Pour ce qui est du scénario, Josh Stolberg et Peter Goldfinger savent manier la plume et parviennent, en une heure trente, à effectivement nous foutre dedans et on se fait à nouveau avoir avec un twist des familles bien amené et dont on ne ressent pas la présence durant tout le métrage. Pour ce qui est du reste du film, on reste dans le moule absolu de la franchise ; victimes de Jigsaw, pièges, enquête de la police. Rien ne déroge à la sacro-sainte check-list des films de la franchise.

Donc, le renouveau n’est pas là. Même si on se fait agréablement avoir par l’entièreté de l’histoire, son contenu reste de ce que l’on pouvait attendre d’un opus d’il y a dix ans en arrière. Pas de revirements, pas d’explications complémentaires venant apporter concrètement un nouvel aspect à cet univers, pas de sortie des sentiers battus. Pire ; un nouveau jeu prétexte pour nous présenter des personnages apportant une suite potentielle et, soyons honnête, peu attrayante.

Même dans les pièges, nous restons dans le raisonnable sans entamer quelque chose de plus frais et de différent. Nous avons donc le lot habituel que nous avons déjà pu voir précédemment dans la franchise ; un piège avec des scies, un choix crucial à grand coup de seringues (bien dégueu quand même), des projections d’objets dangereux, un fil coupant, et un fusil trompeur. Le piège de la spirale reste graphiquement sympathique et celui des lasers un peu too much, un moyen de se la jouer quelque peu Moonraker dans une franchise horrifique, même si le résultat est visuellement gore.

Et le côté horrifique, il envoie ? Pas de grosses secousses ni même d’écarquillements oculaires exacerbés à profiler durant le métrage. Même si certaines morts sont visuellement terribles (les seringues, les lasers), ça reste gentillet pour les calés de la saga, préférant sans doute mettre le doigt sur l’intrigue en elle-même au détriment d’un graphisme qui fait mal, ce qui n’est pas une mauvaise chose. 

Pris dans les griffes de Jigsaw, nous avons des protagonistes qui restent dans leurs personnages, tout en saluant le fait que nous en apprendrons passablement sur eux, ce qui est une bonne chose. Contrairement à certaines fois où les personnes piégées semblaient juste être une chair à canon de plus pour John Kramer, ici, on va un peu plus loin, osant même nous présenter des proches dudit tueur.

On peut citer Anna (Laura Vandervoordt), ancienne voisine de John Kramer, ayant un terrible secret enfoui sous le couvert d’un drame familial, et Mitch (Mandela Van Peebles) qui n’a pas vendu la bonne moto au neveu de Jigsaw. On retrouve le traditionnel caractériel de l’équipe en la personne de Ryan (Paul Braunstein) et la jeune femme à la mort douloureuse, voleuse à la tire de surcroît, Carly (Brittany Allen).

Du côté de la police, bonne prestation de Callum Keith Rennie dans la peau du détective Halloran. Violent, direct, peu enclin aux règle, pas de maux de ventre pour ce personnage typé mais collant à l’univers. Idem pour son équipier plus effacé mais tout autant sûr de lui, Hunt (Clé Bennett). Il faut noter la présence classe du personnage de Logan (Matt Passmore), second pilier du film après John Kramer, et de sa collègue Eleanor (Hannah Emily Anderson), fan incontestée de Jigsaw un peu barrée.

Pas de personnages monstrueux crevant l’écran, même si cela fait très plaisir de revoir la tête de Tobin Bell qui est et restera, mort ou vivant, le Tueur au puzzle. Tout comme pour le scénario, nous restons dans les conventions de la saga au niveau des protagonistes, sans oser nous bluffer par quelques tours de passe-passe que nous n’aurions pas vu venir. Et c’est fort dommage.

Bref, Jigsaw ne parvient pas à hausser le niveau comme on aurait été en droit de l’attendre. Même si on se fait gruger dans l’histoire en nous proposant un final avec une explication satisfaisante et une tirade sympathique, le reste du film ne décolle pas. On ne se sent pas pris au piège et on regarde le déroulement de l’intrigue, un peu las de constater que rien n’a vraiment changé. Une suite est actuellement en discussion, mais si c’est pour repartir sur une nouvelle saga à l’identique de la première, je pense qu’il vaudrait mieux s’abstenir.

Et Hoffman, on l’a perdu en route ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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