L'anti-Noël

Dans la tradition de Noël, il existe l’antagoniste absolu du Père Noël, traduit dans certains dialectes par Krampus (ou le Père Fouettard dans nos contrées suisses et au-delà). Le but du personnage est de distribuer des punitions aux enfants méchants là où le Père Noël donne des cadeaux aux bambins sages. Plusieurs métrages parlent de ce monstre de Noël, mais c’est en 2015 qu’apparaît Krampus sur les écrans. Comédie horrifique à la sauce Gremlins, le film est réalisé par Michael Dougherty, connaisseur du domaine des fêtes. Il avait déjà réalisé Trick ‘r Treat en 2007, film plein de bonnes friandises, traitant de ce qui arrivait à ceux qui brisaient les traditions d’Halloween. Du coup, il remet le couvert pour ceux qui entachent les fêtes de Noël ! Est-ce que le film en vaut la chandelle ? Est-ce que Krampus va nous faire tressaillir ? Les chocolats sur le sapin auront-ils un goût de déjà-vu ? On met le frein à main sur le traîneau et on en descend pour trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Le jeune Max en a marre des fêtes de Noël ; sa famille se retrouve au complet mais ne parvient pas à s’entendre ; ses parents sont dans une passade de froideur tangible ; et ses cousins sont carrément débiles. Malgré le réconfort apporté par sa grand-mère allemande, le jeune garçon déchire sa lettre au Père Noël et décide que cette année, il n’y aura pas de Noël. Mais de tels vœux ont un prix et il n’en faut pas plus à Krampus pour débarquer et gâcher la fête. Ho ! Ho ! Ho !

Tom (Adam Scott) est un père de famille qui passe le plus clair de son temps à travailler. Aimant ses enfants, ayant un peu de peine à retrouver la flamme avec son épouse, il va s’avérer un individu beaucoup plus courageux que ce qu’il laissait transparaître. Son épouse Sarah (Toni Collette) est beaucoup plus impulsive mais se shoote au Xanax histoire de pouvoir passer les fêtes sans crise de nerfs. Le jeune Max (Emjay Anthony) doit faire avec tout cela, tout comme sa grande sœur Beth (Stefania LaVie Owen). L’oncle Howard (David Koechner) et la tante Linda (Allison Tolman) débarquent à la maison avec leurs enfants : Stevie (Lolo Owen) et Jordan (Queenie Samuel), des garçons manqués, Howie Jr. (Maverick Flack), enfermé dans son monde, et la petite Chrissie (Sage Hunefeld). Heureusement, la grande tante Dorothy (Conchata Ferrell) est là pour mettre l’ambiance avec ses pics acérés et sa passion pour la boisson alcoolisée. Au milieu de tout ce monde, Omi (Krista Stadler), la grand-mère de Max, fait tout pour contenter l’entourage et faire que tout se passe à peu près bien. 

Vous l’aurez compris ; une famille ordinaire ! Les personnages sont tous bien interprétés et, il faut le dire, font preuve d’un certain réalisme, notamment pendant le repas du soir. Durant cet instant, on se surprend à se dire que, à un moment ou un autre de notre vie, nous avons tous eu notre lot de moments gênants à la table d’un repas de Noël. La famille présente dans le film renvoie bien cette image de ces gens du même sang qui doivent, par tradition, se retrouver une fois par année histoire de faire bonne figure. Mais cela n’arrange pas réellement Max.

Car tout partira de là ; le fait de ne plus croire aux fêtes, de perdre l’espoir de la magie de Noël. En déchirant sa lettre, Max va déclencher l’horreur dans sa maison et les trois jours précédant Noël vont être terrifiants pour toute la famille. Le plus ironique dans l’histoire, c’est que pour espérer s’en sortir, ils vont devoir s’unir et se battre ensemble contre cette menace venue d’un autre temps. L’occasion de quelques pics de plus.

Le scénario est intéressant et se suit d’un bout à l’autre sans peine. Structurée, l’histoire parvient à captiver, même s’il faut compter avec quelques longueurs, notamment le fait d’aller chercher des disparus dans la tempête de neige ou non. Pour nous, spectateur, cela implique quelques scènes tirant sur la corde histoire d’avoir le timecode en ordre, mais nous avons tous vécu également quelques longueurs durant les fêtes de famille, n’est-ce pas ?

Oscillant entre comédie noire et horreur, Krampus est, comme dit dans l’introduction, de la même veine que Gremlins. On sursautera plusieurs fois mais à aucun moment on ne sera saisi d’une peur viscérale. Ça reste donc très gentillet tout en sabrant bien les standards de Noël, via quelques bonnes idées pour colorer un peu le passage de Krampus par la maison de la famille Engel.

Car ici, le bestiaire, ça ne rigole pas ! Pour parfaire l’arrivée de Krampus, ce dernier débarque avec son armée, composée tout d’abord de jouets et symboles de Noël pervertis. Biscuit de Noël assassins, clown dans une boîte aux relents des Faucheurs dans Blade 2, poupon maléfique, ours en peluche aux griffes acérées, rien ne sera épargné. Et cela sans parler des elfes masqués qui aide ce Pire Noël dans son sinistre travail. On ajoute à cela quelques bonhommes de neige flippant, un truc sous la neige qui aspire les gens et BAM, on obtient un bestiaire de fou.

Et Krampus ? Eh bien, dans sa forme brute, il envoie du lourd ; des sabots énormes, un bruit de chaînes distinctif à son arrivée, des grelots en métal qui n’augurent rien de bon et des monstres terribles pour tirer son traîneau. Pourtant, lorsque son visage nous sera dévoilé, on ne peut s’empêcher d’être déçu, se disant que cela aurait pu être mieux fait et surtout envoyer un peu plus de terreur. C’est quand même l’inverse du Père Noël, non ?

La famille devra donc se battre contre tous ces assaillants avant de pouvoir prétendre de survivre à ce Noël. Les uns après les autres, ils feront les frais de leur humanité décadente et se retrouveront piégés par le monstrueux Krampus. Nous arrivons ensuite à un final en demi-teinte où on à l’impression que tout est fait à la va-vite histoire de pouvoir boucler le métrage. Heureusement, le final absolu brise également les standards de Noël en nous proposant ce qui est loin d’être un happy end.

Ce film est intéressant dans le sens où il reprend ce que l’on peut trouver durant les fêtes de fin d’année et l’inverse pour le mettre à la sauce de Krampus. Du coup, l’enfance est brisée, l’horreur s’invite dans la maison, les jouets décident de mutiler les personnes présentes et la fête semble définitivement gâchée. Présenté comme un véritable conte de Noël inversé, Krampus nous met face à nos propres convictions concernant les fêtes et s’amuse à nous titiller en nous présentant une certaine normalité se transformant en cauchemar, tout cela parce que l’espoir n’est plus présent dans nos cœurs (enfin, dans celui de Max du moins).

A noter une excellente présentation du passé de la grand-mère de Max, tout en image d’animation, afin de montrer que Krampus était déjà passé par-là à l’époque. Grâce à ces quelques minutes explicatives, le film peut vraiment se targuer d’être un véritable conte, usant même de ce sympathique moyen pour expliquer l’origine du comportement étrange d’Omi durant la fin de l’année.

Krampus est l’anti-Noël par excellence. Malgré des effets spéciaux parfois bâclés, des longueurs à certains moments et un scénario s’accélérant méchamment sur la fin, on retrouve un peu un goût des années 80-90 dans ce film, présentant un conte de Noël sombre avec plusieurs clins d’œil à ladite fête. Se déguste sans complexe, comme le chocolat dans le calendrier de l’avent, et permet de passer un agréable moment, teinté d’humour noir et de surprises empaquetées spécialement pour l’occasion par un dénommé Krampus. Avis aux amateurs de Noël et de monstre mythologique, placez ce film sous le sapin pour le regarder en famille. A plusieurs, c’est toujours mieux.

Et évitez de recevoir un grelot à Noël.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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