Nos paupières sont lourdes

Démons, attaques surnaturelles, familles en danger, dimensions parallèles ; le cinéma horrifique ne manque pas de nous en faire voir de toutes les couleurs. Pire encore, on en vient à redouter le visionnage d’un film pour la simple et bonne raison que ce dernier parle une énième fois de quelque chose d’archiconnu, le tout basé « sur des faits réels ». Pour son premier long métrage, Jonathan Hopkins se lance dans la direction de Slumber, narrant l’histoire d’une famille harcelée dans son sommeil par un démon et demandant l’aide d’une hypniatre au passé trouble. Bon… ça a l’air pas mal… mais est-ce que nous allons rester éveillés pour autant ? Le sommeil est-il un terrain propice aux débordements horrifiques ? Ce soir, irons-nous nous coucher sereinement ? Le problème avec les films entre cauchemar et réalité, c’est qu’ils nous laissent bien souvent entre éveil et somnolence.

Alice Arnolds (Maggie Q) est médecin, spécialisée dans le traitement des troubles du sommeil. Epouse aimante, mère d’une petite fille, elle prend très à cœur son travail et tente de faire table rase d’un événement dramatique de son passé. Un jour, elle reçoit la famille Morgan en consultation. Tous sont harcelés par une terrifiante créature durant leur sommeil, les plongeant dans un état de somnambulisme inquiétant et paralysant leur jeune fils Daniel (Lucas Bond). Alice n’y voit qu’une forte parasomnie… mais le mal ne dort jamais.

Le film démarre avec une séquence d’introduction indubitablement bien menée et une tension fondée. Puis, arrive un texte sur l’écran qui nous explique l’origine du mot « cauchemar » tout en nous précisant que le film est basé sur les témoignages de plusieurs personnes ayant vécu une expérience de paralysie du sommeil. Aïe ! Encore un métrage « basé sur des faits réels » histoire d’appâter le spectateur ? Le générique s’enclenche, mélangeant témoignages et  images d’artistes, concluant par le tableau « Le Cauchemar » de Füssli.

On le sait donc ; on va parler sommeil, parasomnies et présence démoniaque. Pas grand-chose de neuf en somme, quand on sait le nombre de métrages horrifiques qui surfent sur le sujet pour alimenter nos palpitants en effets de trouille. Ben oui, quoi de plus terrible que de ne plus pouvoir dormir. Au final, n’est-ce pas l’un des buts des films d’horreur que celui de nous empêcher de trouver un sommeil serein ? C’est donc avec une potentielle appréhension que le visionnage commence.

Le scénario se déroule donc devant nos mirettes avec un sentiment de consistance et de structure. Le personnage central, interprété par Maggie Q, se la joue très terre-à-terre avec ses patients, mais cela pour masquer un tragique évènement de son enfance où son petit frère est mort lors d’une crise étrange de somnambulisme. La famille Morgan s’en tire également très bien, notamment la petite Emily (Honor Kneafsey) qui parvient véritablement à nous coller de franches miquettes durant ses crises.

Harcelée par un démon s’amusant littéralement avec eux comme des marionnettes, la famille va donc demander l’aide de la spécialiste en la matière. Entre scepticisme et introspection, cette dernière va découvrir que des créatures malfaisantes rôdent autour de nous durant notre sommeil histoire de nous pomper notre énergie jusqu’à ce que mort s’ensuive. A ce titre, le tableau « Le Cauchemar » prend littéralement vie lors d’une scène finale éprouvante et bien réalisée. La conclusion même du métrage est, quant à elle, relativement pessimiste tout en restant ouverte.

Une bonne réalisation sur certaines scènes ne fait pas tout. Pour preuve, le film se retrouve plusieurs fois avec des longueurs certaines qui font piquer du nez. Se basant sur l’effet de trouille que peut procurer une glissade dans notre lit, on en vient à souhaiter de retrouver ce dernier à quelques moments, histoire de fermer nos paupières pour un gros dodo bien mérité.

Ces longueurs, parsemées dans le métrage, tentent malgré tout de mettre le spectateur en tension sans réellement y parvenir (la nuit des Morgan dans le centre de surveillance, la réminiscence du passé du Dr. Arnolds). Il est donc dommage de constater que cela ne fait plus que plomber l’ambiance que mettre notre petit cœur à rude épreuve. Notons tout de même l’effort.

Slumber, en plus de parler de parasomnie, ne manque pas de surfer également sur les drames familiaux horrifiques comme on peut souvent en voir. Ici, le souci vient de la culpabilité et la façon que le Dr. Arnold a de gérer cette dernière. Profondément enfoui tout en continuant de grignoter le bien-être d’Alice, ce sentiment coupable revient en tambour et trompette avec l’arrivée de la famille Morgan, confrontée à la même terrifiante créature que le petit frère de la doctoresse.

A vouloir planquer le passé sous le tapis, il finit toujours par nous rattraper d’une manière ou d’une autre. Lors de la scène en toute fin de métrage, on en viendrait même à se poser la question si le cauchemar ne cherche pas simplement à s’amuser avec Alice, lui jouant les pires mauvais tours au monde rien que pour se fendre la poire. Je vous laisse le soin d’en juger.

Slumber est un sympathique métrage horrifique qui a la cruelle manie de nous endormir par moments. Reste à cela un scénario bien étoffé et surtout des personnages que nous avons l’occasion de découvrir plus profondément que simplement en surface. Avis aux amateurs du genre et aux insomniaques chroniques, vous pourriez bien trouver, l’un comme l’autre, votre crédit dans ce film.

C’est pas tout ça, mais je m’en vais piquer un p’tit roupillon. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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