Aucun état d'âme

Wes Craven, ce n’est pas un rigolo. Dans le domaine horrifique, le Monsieur s’est imposé comme un des piliers du 20ème siècle (La Colline a des Yeux, Les Griffes de la Nuit, Scream). Et puis, quelques fois, il y a des dérapages… Oui, ça arrive. Comme avec ce film My Soul to Take de 2010, où Wes Craven reprenait sa place derrière la caméra après plus de cinq ans d’absence en réalisation de long métrage. Egalement scénariste, on se demande ce qui a pu se passer, lui qui maîtrisait habilement le concept de « tout le monde est suspect », hurlé par un certain Randy dans Scream 1er du nom. Surtout que le présent film est basé sur une prière pour les enfants du 18ème siècle intitulée Now I Lay Me Down to Sleep. On pouvait s’attendre à du lourd en matière de slasher… mais… voilà. ATTENTION : cet article contient des spoilers

La nuit de la disparition d’un terrible tueur en série, sept enfants viennent au monde. Seize ans plus tard, alors qu’ils vont tous fêter leur anniversaire, ils se font mystérieusement occire les uns après les autres par un tueur inconnu. L’Eventreur de Riverton serait-il de retour… où s’est-il incarné dans l’un des sept enfants nés cette nuit-là ? Que de questions… que de questions…

Côté casting, on a un florilège de nouvelles têtes, symboles d’une future génération d’acteurs (ou pas). Bug (Max Thieriot), est le jeune homme beau gosse mais timide du bahut (accessoirement fiston de l’Eventreur de Riverton). Alex (John Magaro) est son meilleur ami, un peu spécial et avec une vie pas facile, étant battu à la maison comme au lycée. Jerome (Denzel Whitaker), perspicace malgré sa cécité, apparaît trop peu à l’écran. Penelope (Zena Grey), jeune femme religieuse (qui ne dirait cependant pas non à un petit coup avec Bug) n’apporte pas beaucoup d’eau au moulin. Brittany (Paulina Olszynski), jolie et superficielle, sert principalement de chair à canon. Brandon (Nick Lashaway), sportif sans rien dans la cervelle, fait partie d’une sous-intrigue sous-exploitée. Et Jay (Jeremy Chu)… on ne le voit pratiquement pas. Voilà pour les Sept de Riverton.

Dans le reste de la distribution, nous avons ; Abel Plenkov (Raul Esparza), l’Eventreur de Riverton, faisant un passage au début du film pour bien nous montrer qu’il sait jouer un trouble de personnalité ; Leah (Emily Meade), tyrannique, manipulatrice et jouant bien le rôle de la sœur aigrie de Bug ; et l’inspecteur Frank Patterson (Frank Grillo) qui ne sert malheureusement pas à grand-chose.

Nous ne sommes pas gâtés, les amis. Les acteurs ne semblent clairement pas convaincu par leurs rôles et pire, la profondeur des personnages laisse à désirer. C’est ainsi que nous voyons rapidement cinq des Sept de Riverton se faire dézinguer par le méchant tueur, histoire de nous laisser avec le moins de pistes à exploiter possibles. Il ne faut pas trop nous compliquer la tâche.

C’est là que le scénario s’en va dans les méandres du n’importe quoi en nous proposant une histoire à tiroirs… sans tiroirs. Wes Craven, comme dit plus haut, était maître dans l’art de mettre tout le monde en posture suspecte, permettant ainsi au spectateur d’investiguer lui-même pour tenter de découvrir la vérité. Mais quand au bout de quarante minutes de métrage, on ne vous laisse que trois possibilités… c’est franchement dommage.

Et puis, les quelques sous-intrigues qui auraient pu faire mouche s’en vont comme des feuilles mortes dans la tempête. La fille mineure du principal de l’école mise en cloque par Brandon ? On s’en cogne. La possibilité d’avoir un point de vue religieux par le biais de Penelope sur les meurtres qui recommencent à Riverton ? Pourquoi faire ? Une explication claire et concrète sur les événements ? Pfff, perte de temps. La conversation entre le principal et la mère de Bug ? De toute manière, on ne va pas l’utiliser. 

C’est ainsi que le film se déroule sous nos yeux, faisant preuve à la fois d’astuce pour nous garder éveillé, et comportant tout de même un lot de longueurs assez effarant. Ça blague beaucoup pour ne pas dire grand-chose, ça fait des théories à deux balles pour tenter de trouver des solutions, et ça nous met sur des fausses pistes grosses comme des maisons pour ne même pas réussir à nous bluffer au final.

Le final, tiens, parlons-en. C’était bêtement ça ? L’âme meurtrière de l’Eventreur de Riverton s’est pointée dans un des sept gugus et c’est lui qui a buté tout le monde ? On ne pouvait pas plutôt se la jouer un peu plus couillu et mettre en scène les sept personnalités du tueur se retrouvant seize ans plus tard pour en découdre et en finir avec le meurtrier ? Ah, c’était ça que ça voulait dire ? Ou pas ? La compréhension de la fin laisse un peu à désirer.

Outre cela, au niveau slasher, nous n’avons malheureusement pas ce que nous sommes venus chercher. Wes Craven, grand maître slasheresque, devient un peu flasque avec les années. Les scènes ne comportent aucune tension, ni dans leur déroulement, ni dans le fait que le tueur soit inconnu. Quelques effusions de sang viennent ponctuer le métrage pour nous faire croire que nous l’avons véritablement trouvé dans la catégorie « Horreur », mais ça s’arrête clairement là.

Des acteurs qui jouent de manière bancale, un scénario qui se fout de notre gueule, une tension inexistante, des gags pas drôles, des subtilités inexistantes, sérieusement, y’a quelque chose à sauver ? Riverton va-t-elle devenir la ville la plus naze d’Amérique ? Il est vrai que l’on se fait avoir une ou deux fois par le scénario, avec des choses auxquelles on ne s’attendait clairement pas et ça, c’est bien vu. Mais honnêtement, ça ne compense pas le reste.

My Soul to Take est un slasher pour débutant ou pour fan absolu du genre qui ne veut RIEN LAISSER PASSER. Pour tous les autres, je conseille vivement de reprendre la filmographie de Wes Craven quand il arrivait à nous surprendre et nous coller la trouille, en (re)découvrant la saga Scream, par exemple. Pour ce film, passez votre chemin et apprenez la comptine sur laquelle il est basé par cœur. Là, ça peut faire un peu plus d’effet en quelques minutes que sur un métrage de plus d’une heure trente.

Now I Lay Me Down to Sleep… ça n’a jamais été aussi vrai.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page